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théorie politique

De la fable des abeilles de Mandeville (1714), butineuses égoïstes et prospères, à leur destruction massive par le capitalisme

Publié le 22 Novembre 2017 par pantopolis

 

De la fable des abeilles de Mandeville (1714), butineuses égoïstes et prospères, à leur destruction massive par le capitalisme

 

La  «petite vertu» des abeilles capitalistes

Qui ne connaît La Fable des abeilles du Hollandais Bernard Mandeville ?

La thèse principale  de Mandeville qui  vécut au «paradis du libéralisme» de Sa très gracieuse Majesté, est que les actions des hommes ne peuvent pas être séparées en actions nobles et ignobles, et les vices privés (tous les sept péchés capitaux  inclus ?) contribuent au bien public tandis que l’altruisme – inscrit dans l’espèce humaine selon Darwin – peut lui nuire dangereusement, comme le tabac et l’alcool.

Par exemple, dans le domaine économique, Mandeville affirme qu’un riche débauché agit certes par vice, mais que «sa prodigalité donne du travail à des tailleurs, des serviteurs, des parfumeurs, des cuisiniers et des femmes de mauvaise vie, qui à leur tour emploient des boulangers, des charpentiers, etc. ».

Une courte parenthèse. Traduit en langage actuel, cela signifierait que toute la rapacité et la violence d’un capitaliste jouisseur profitent à la société en général. Plus la société produirait des yachts, des jets, des palais, voire des bordels, pour le bon plaisir des capitalistes, plus les prolétaires (les seuls producteurs de la plus-value) devraient se jeter aux genoux de leurs exploiteurs pour les remercier. Qu’aujourd’hui il n’y ait jamais eu autant de milliardaires parasites au niveau mondial, alors que la catégorie des pauvres ne cesse d’augmenter, c’est un fait incontestable qui démontre la monstrueuse dérision de cette fable.

Revenons à nos abeilles. Pour Mandeville, l’Angleterre du XVIIIe siècle pouvait se comparer à une ruche corrompue mais prospère, mais qui se plaignait hypocritement de la disparition de la vertu.  Selon Mandeville, si  sa majesté jupitérienne, appuyée sur son armée de tartufes religieux, leur accordait la «Vertu» la conséquence en serait une perte rapide de prospérité. Mais la ruche  des butineuses du profit se moque de la «vertu» pas, car son triomphe coûterait  la vie à des milliers d’abeilles,  donc aux butineurs du profit.

Le très réactionnaire économiste autrichien Friedrich Hayek fit de cette fable la substantifique moelle du libéralisme économique, «libertarien» avant l’heure (liberté absolue pour les entrepreneurs, la seule loi divine étant l’anarchie par la dérégulation du marché, la régulation par  l’État étant l’œuvre d’un Satan collectiviste). Il n’y avait qu’un seul impératif catégorique : les  libertariens jouiraient sans entraves de leurs juteux profits.  « Le profit ou la mort », tel est le cri de guerre des  libertariens adorateurs du veau d’or capitaliste.

 

La disparition des abeilles et des pollinisateurs

Ce que ne disait pas Mandeville, c’est que les vraies abeilles et non leurs misérables clones capitalistes sont un maillon indispensable de la préservation de la vie naturelle. Elles participent à près de 80 % à la pollinisation des espèces végétales et sont donc indispensables à la survie, à l’évolution et à la reproduction des plantes. Autant dire à la survie de l’espèce humaine.

Dans une étude internationale,  menée en Allemagne depuis 1989, on apprend qu’environ 80 % des insectes volants auraient disparu en Europe : "Nos résultats documentent un déclin dramatique des insectes volants, de 76% en moyenne et jusqu’à 82% au milieu de l’été, dans les aires protégées allemandes, en seulement vingt-sept ans".

Le facteur principal est l'intensification des pratiques agricoles avec, en premier lieu, le recours accru aux pesticides, du type round-up, fabriqués par des sociétés comme Monsanto et/ou Bayer.

L'ensemble de la biodiversité est en déclin, surtout les insectes, pour lesquels ce phénomène est très rapide. Du coup, les oiseaux étant insectivores, ils tendent à disparaître très vite. Les populations d'alouettes des champs et de perdrix grises sont en déclin : la première a diminué pratiquement de moitié et la seconde de 95 % ! La situation est identique sur toutes les plaines d'Europe occidentale, France, l'Angleterre, Hollande, Allemagne, le Danemark, etc... 

Le libéralisme mandevillien organisé en mafia dans la Commission européenne, où tripatouillent tous les grands groupes capitalistes, n’a cure de cette réalité. Malgré les manifestations de rue, campagnes de presse, etc., la Commission européenne fait tout pour favoriser les juteux profits des exterminateurs de la nature. Leur vraie philosophie est très simple : qu’ils (les prolétaires, les paysans, les pauvres, les sans-grade) meurent tous pourvu qu’il reste encore une poignée de gros capitalistes aptes à jouir tranquillement de leurs immenses profits sur une île privée (La possibilité d’une île chère à Houellebecq…), sous terre, sur la Lune, dans des cités capitalistes sous-marines, ou dans leur sarcophage cryogénique en attendant la résurrection promise dans 50 ou 100 ans.

 

A défaut de «manger de la brioche», manger des insectes !

Face à la destruction programmée de la nature, à la destruction des sols agricoles et des forêts, à l’inévitable survenue de famines et de grandes pandémies (la peste s’étend déjà à Madagascar), le capitalisme compte sur les miracles. Bien plus il les crée !

Pour résoudre le problème de la faim et de la surpopulation (9 milliards d’hommes en 2050 contre 3 milliards en 1960), le capitalisme ne promet plus de «suivre le bœuf » (de la viande pour tous). Il n’a certes pas l’indécence de la reine Marie-Antoinette qui aurait dit au peuple insurgé marchant sur Versailles en 1789  : « Ils veulent du pain, qu’ils mangent de la brioche ! ».

Le capitalisme avance maintenant masqué, à l’image de tous les organismes qui gravitent autour du noyau politique des Nations unies, véritable caverne de brigands impérialistes (des USA à la Chine, en passant par l’URSS, la France, la Grande-Bretagne, l’Arabie saoudite, Iran, etc.), dont la seule fonction est de maintenir la paix (peacebuilding) du capitalisme mondial.

L'Organisation des nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) a lancé en 2013 un pharaonique programme destiné à encourager l'élevage d'insectes afin que chacun puisse manger un jour à sa faim en 2050.

On y apprend qu’un insecte, c'est nourrissant et c’est presque gratuit. L’argument est simple : là où huit kilos d'aliments sont nécessaires à la production d'un kilo de viande, deux kilos d'aliments suffisent à la production d'un kilo d'insectes. « Les insectes sont nutritifs, avec une teneur élevée en protéines, matières grasses et minéraux" et "peuvent être consommés entiers ou réduits en poudre ou pâte et incorporés à d'autres aliments », écrivent les Thomas Diafoirus auteurs de ce rapport.

Hélas, si déjà en 2017 80 p. 100 des insectes ont disparu en à peine 30 ans, qu’en sera-t-il en 2050 ?

Avec un écosystème meurtri irrémédiablement, avec des forêts réduites à de véritables peaux de chagrin, avec des champs contaminés et détruits par les pesticides, avec des mers et des océans désertifiés et pollués par des montagnes de plastique, le capitalisme ne peut que mener directement l’humanité toute entière à sa perte.

Mais le capitalisme nourrit les rêves les plus déments. Prestidigateur aguerri, il ne manquera pas de tirer de son chapeau une flopée de miracles scientifiques : des insectes robotisés ou génétiquement modifiés, des drones rutilants viendront bientôt polliniser la nature, faire des semailles et des récoltes sans risque pour les agriculteurs qui répandent leur round-up urbi et orbi, comme s’il s’agissait d’une eau bénite miraculeuse.

Les prolétaires auraient bien tort de croire à ces prétendus miracles du capitalisme de demain. Ils ne feraient que creuser plus vite leur tombe dans la pire des résignations.

Au mot d’ordre du capitalisme : « le profit ou la mort ! », les prolétaires opposeront le leur : «le communisme ou la mort».

La seule mise à mort souhaitable est celle du  capitalisme lui-même par l’instauration d’une société communiste sans profits, une société de véritable reconstruction où l’émancipation intellectuelle et morale de tous est la condition de l’épanouissement de chacun .

 

Pantopolis, 22 novembre 2017.

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