Mathématiques et Covid-19

Henri Simon

Mathématiques et covid 19*

Venu au monde en Chine à Wuhan en novembre 2019 (du moins c’est ce qui est dit !) et ayant voyagé depuis dans le monde entier (ça c’est sûr !), en cinq mois le Covid-19 pouvait – début avril 2020 (du moins pour les cas recensés) – avoir gratifié 1.300.000 récipiendaires et 60.000 décès (principalement des vieux mais pas assez pour résoudre valablement le problème des retraites !). Une extrapolation sur une année alors qu’il prend sa retraite en Chine et prospère dernièrement en Afrique ou dans les Amériques donnerait toute relativité gardée environ 3.000.000 de contaminés et 150.000 morts[1].

De tels chiffres – pour autant qu’ils ne sont que des estimations pas forcément très fiables -étant donné le manque de connaissance de l’extension du virus dans tout le Sud-Est asiatique, l’Afrique et une partie des Amériques sans parler des « camps » divers parquant des millions de migrants de par le monde, peuvent pourtant être mis en comparaison avec des fléaux plus connus, objets d’études officielles.

En 2019, les guerres et différentes répression violentes ont fait plus de 200 000 morts[2].

Mais il y a plus.

L’une des principales causes de mortalité de par le monde concerne les décès par accidents du travail ou maladies professionnelles. Un record : en 2018 deux millions de morts (sur plus de 300 millions d’accidents, un toutes les 15 secondes sans compter les éclopés et ceux qui meurent de l’amiante des années après avoir cessé de respirer cet agent cancérigène. Cela ne donne guère lieu à commentaires et pourtant, le Covid-19 peut aller se rhabiller[3].

Mais il y en a d’autres.

La malaria infecte bon an mal an 200 millions d’êtres humains dont le malheur est de vivre dans des zones tropicales et équatoriales et la fièvre jaune en fauche 400.000 par an dont 3.000 enfants par jour, un toutes les deux minutes. Cela non plus ne génère guère de commentaires sur les méfaits du capital[4].

Et le paludisme n’est pas tout seul.

La tuberculose décimait encore en 2018 : sur les 10 millions d’infectés, 1.2 million de tubards sont décédés, dont plus de de 200.0000 enfants. Là aussi les « penseurs » ne se pressent pas de gloser longuement sur le sujet[5].

Et ce record qui touche tout le monde !

En 2018, la pollution a tué 8.800.0000 êtres humains contraints de respirer l’irrespirable[6]. 

La seule question que l’on peut se poser devant de tels chiffres, en dehors de toutes les innombrables considérations cherchant dans le système causes et conséquences, c’est de tenter de savoir pourquoi une telle pandémie qui n’est pas si ravageuse en considération des autres – entre bien d’autres – causes autrement importantes d’une surmortalité constamment présente.

Quelle qu’en soit l’origine, objet d’une abondante littérature et de controverses diverses autant que passionnées, le Covid-19 a déjoué tous les pronostics et lancé un défi au monde capitaliste, défi d’autant plus dangereux qu’il s’avançait sur un terrain totalement inconnu. Ce monde n’a eu d’autre solution que de tenter par des mesures drastiques d’empêcher à la fois son expansion géographique et sa généralisation dans un espace donné. D’où partout dans le monde, des mesures drastiques quant à la circulation, et un confinement généralisé

En octobre 2019, avant l’enfantement supposé de cette pandémie en Chine, le monde – capitaliste bien sûr – entier était secoué sérieusement par une vague de contestations répandues dans presque tous les pays.

Toutes ces constations généralisées ont été balayées par ce conditionnement général prenant prétexte du danger du virus qui, après tout, est moins dangereux que bien d’autres maux qui depuis longtemps ravagent par millions de morts les populations mondiales et se trouvaient être à la base de ces vagues de contestations.

Le Covid19 sauveur – temporaire – d’un capital empêtré dans les faits et méfaits de son développement sauvage ?

 

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* Contribution de H.S. diffusée par soubis@googlegroups.com, 6 avril 2020.

[1] Wikipédia , Pandémie Covid-19, 5/04/2020.

[2] Il est difficile de connaître le nombre même approximatif des morts, blessés et déplacés de toutes les guerres et guérillas qui se déroulaient de par le monde en novembre 2019. Rien que la guerre en Syrie aurait fait 380.000 morts dont 115.000 enfants (L’Express, 15/03/2020).

[3] Rapport 2019 de l’ILO et de l’OIT 2016.

[4] Rapport de l’OMS pour 2019 (11/01/2020).

[5] OMS, rapport sur la tuberculose dans le monde, de 2019.

[6] Le Parisien 12/3/2019, European Heart Journal.