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théorie politique

Les accords entre la Chine et les îles Salomon

Publié le 2 Mai 2022 par F.D. Battaglia comunista

espace indopacifique, zone de toutes les rapacités impérialistes et baril de poudre potentiel

espace indopacifique, zone de toutes les rapacités impérialistes et baril de poudre potentiel

Traduction en espagnol par le site inter-rev.foroactivo.com/

https://inter-rev.foroactivo.com/t11022-pantopolis-controverses-tci-no-war-but-the-class-war-nwbcw-contra-la-guerra-por-la-guerra-de-clases#90592

Pantopolis. Controverses. TCI. No War but the Class War (NWBCW) "Contra la guerra, por la guerra de clases". Ob_f50916_iww-1925

Cartel de la IWW, 1925. Pie de foto: EL GRAN CAPITAL hablando con el TRABAJO (generosamente): "Mi buen amigo, serás bien recompensado por tu acción patriótica en el cuidado de esta gloriosa planta; tendrás todos los frutos sobre la tierra - ¡yo me llevaré sólo las raíces!

Avertissement

Nous publions cette traduction, faite par nous, d'un article de Battaglia comunista sur les enjeux majeurs des accords écononomiques et militaires signés entre l'Etat impérialiste chinois et différentes îles indopacifiques, qui lui serviront, si nécessaire, de petits porte-avions stratégiques face à l'impérialisme américain qui domine encore la zone.

Comme le souligne à juste titre cet important article, "Les tensions entre la Chine et Taïwan, les infiltrations de Pékin dans les îles Tonga, Fidji et Salomon, pourraient déclencher des conflits bien plus importants. Les plans d’attaque sont fixés et les cibles identifiées... Jamais comme auparavant – de Moscou à Kiev, de Pékin à Taipei, de Washington aux quatre coins du monde – le mot d’ordre «guerre ou révolution» ne s’est retrouvé porteur d’autant de sens. "

Nous reviendrons dans un prochain article sur le baril de poudre indopacifique où  la Chine et les USA se bousculent pour allumer la mèche.

Pantopolis, 2 mai 2022.

Les accords entre la Chine et les îles Salomon

Après la guerre entre la Russie et l’Ukraine, les accords passés entre la Chine et les îles Salomon mettent l’impérialisme américain sur la sellette, transformant toute la zone Indopacifique en baril de poudre.

Début avril, les préliminaires d’un «accord de sécurité» ont été posés, accord qui entrera en vigueur en mai de cette année. Officiellement, le traité stipule que le Premier ministre des îles Salomon rompra toute relation avec l’île de Taïwan et reconnaîtra la Chine comme détenteur historique de l’île. En contrepartie, Pékin apportera un soutien économique et financier aux îles Salomon, pauvres à presque tout point de vue, et une protection militaire en cas de danger extérieur.

En réalité, ces accords donnent également à la Chine la possibilité d’exploiter les quelques ressources minérales présentes (cuivre, bauxite, un peu d’or, de plomb et de nickel), et d’établir une base militaire dès que possible, même si, formellement, le gouvernement du Premier ministre Manasseh Sogavare ne le prévoit pas. En bref, de l’argent en échange de tout le reste. C’est la politique du soft power [« la manière douce » (sic)] que la Chine adopte depuis des années dans toutes les parties du monde où ses intérêts impérialistes la propulsent.

Pratique normale d’un impérialisme à la recherche d’avantages économiques, semble-t-il. Mais ce n’est pas tout.

Ce qui sous-tend l’accord entre le géant chinois et le petit archipel de l’Indopacifique doit être contextualisé sous trois aspects stratégiques d’importance majeure. La première est la tentative de Pékin d’établir une présence militaire dans une zone maritime qui a toujours été considérée comme la «chasse réservée» de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande, ou plutôt des alliés des États-Unis dans l’hémisphère Sud. Cet objectif a déjà été partiellement atteint avec l’île de Tonga, qui est sous le patronage de la Chine depuis quelques années. Le second est un signal clair et fort envoyé à Washington pour lui faire comprendre que les objectifs de Pékin ne peuvent être abandonnés, à commencer par ses revendications sur Taïwan, jusqu’au défi lancé à la «Quad», une alliance importante entre l’Australie, le Japon, l’Inde et les États-Unis, créée spécifiquement pour contrer les visées expansionnistes de la Chine dans le Pacifique Sud. Le troisième s’inscrit dans le cadre de la crise permanente du capitalisme mondial qui favorise, voire impose, des tensions guerrières dans toutes les régions du monde d’importance stratégique pour les grands impérialismes. Des tensions qui produisent des guerres «isolées», mais avec la participation directe ou indirecte d’une pléthore d’impérialismes, évoluant au sein d’alliances contrastées destinées à se relâcher, voire à se rompre, comme dans le cas de la guerre en Ukraine. Avec le risque que de tels épisodes puissent à la fois se terminer dans un laps de temps plus ou moins court, mais aussi être la prémisse d’une guerre généralisée aux conséquences catastrophiques.

Dans le cas spécifique de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, la Chine a adopté une position apparemment bancale, à savoir œuvrer pour une solution négociée, ne pas fournir d’armes à la Russie, mais en même temps utiliser son droit de veto au Conseil de sécurité de l’ONU pour empêcher que Poutine soit condamné pour crimes contre l’humanité et rejeter les sanctions qui menacent la stabilité interne de la Russie, et pas seulement que cela. Dans son discours du 21 avril, le président chinois Xi Jinping, dans un pur style politique, a souligné - en parlant de la crise russo-ukrainienne - que la Russie avait été obligée d’intervenir militairement pour briser l’encerclement de l’OTAN et que les États-Unis devaient cesser de se considérer comme le seul pôle impérialiste mondial, car, en plus de traiter avec la Russie par le biais habituel de l’OTAN, ils devraient prendre garde aux  "intérêts légitimes" de Pékin sur Taïwan. Sans parler de la soumission chancelante de l’Europe à l’embargo sur le gaz russe, qui a fait preuve de beaucoup d’hésitation, en premier lieu l’Allemagne, mais aussi la France et l’Italie. Tout cela revient à dire que la phase du monopole impérialiste américain est terminée, que le monde ne peut plus être aux pieds des intérêts américains dans les domaines économique et financier, et encore moins le domaine stratégique. Traduit en termes encore plus explicites, le discours de Xi Jinping était une déclaration de guerre à peine voilée aux États-Unis s’ils devaient interférer dans les plans stratégiques de Pékin, qui vont de la construction de la nouvelle «route de la soie» à la défense de ses alliés, en l’occurrence la Russie (avec son gaz), qui a entre-temps doublé ses livraisons à une Chine très en demande. Enfin, et surtout, l’ingérence dans la réunification de Taïwan avec la «mère patrie» et la nécessité d’une présence militaire et économique dans la région Indopacifique, à commencer par les îles Tonga et les îles Fidji, où 10.000 Chinois s’activent déjà en tant qu’entrepreneurs, financiers et conseillers militaires, et pour terminer, momentanément, par les îles Salomon.

Les tensions sont vives. Après l’annonce de la signature du «pacte de sécurité» entre la Chine et les îles Salomon, une délégation américaine s’est rendue à Honijara, capitale de l’archipel, pour inviter vainement le président Manasseh Sogavare à annuler l’accord. En réponse, Pékin, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Zhao Lijian, a immédiatement pris des mesures pour protéger «la souveraineté et l’intégrité de la nation». En plus de déclarations verbales, l’armée populaire chinoise est entrée en scène, organisant soudainement des manœuvres de surveillance et des patrouilles navales autour de l’île de Taïwan ainsi que dans toute la mer de Chine orientale, avec déploiement de navires de guerre, de porte-avions, de destroyers et de six avions à réaction pour appuyer les manœuvres navales susmentionnées.

À l’Est comme à l’Ouest, en Europe comme en Asie, la crise s’est aggravée. L’exploitation économique et le conditionnement nationaliste vont de pair. La zone de rupture de la guerre s’allonge dangereusement. Kiev et Taipei sont séparés par des milliers de kilomètres, mais leur destin pourrait être très proche dans le temps. Le scénario qui se déroule de façon dramatique ferait passer la guerre entre la Russie et l’Ukraine pour une bagarre d’ivrognes. Les tensions entre la Chine et Taïwan, les infiltrations de Pékin dans les îles Tonga, Fidji et Salomon, pourraient déclencher des conflits bien plus importants. Les plans d’attaque sont fixés et les cibles identifiées. La Russie veut le Donbass, le contrôle des rives occidentales de la mer Noire, de Marioupol à (éventuellement) Odessa, l’annexion informelle de la Transnistrie, et empêcher l’Ukraine d’adhérer à l’OTAN, que ce soit maintenant ou plus tard, et elle veut continuer à être le pourvoyeur d’énergie de l’Europe. La Chine veut à tout prix «récupérer» Taïwan et jouer un rôle militaire dans la région Indopacifique. L’OTAN contre la Russie, le QUAD contre la Chine, mais avec une différence substantielle. Si les États-Unis peuvent se permettre le «luxe» habituel d’utiliser l’OTAN pour combattre l’ennemi russe sur le territoire ukrainien, en entraînant à peine les pays européens et en finançant ceux qui se battent pour eux avec de l’argent et des armes, dans la zone Indopacifique, les choses seraient plus difficiles. Au sein de la QUAD, ou plutôt de l’OTAN dans le Pacifique, bien qu’elle soit composée de pays dont les intérêts s’opposent au développement chinois dans la zone relevant de leur juridiction et dont on craint la présence inquiétante dans les îles Tonga, Fidji et Salomon, les abstentions seraient plus nombreuses qu’en Europe. L’Inde, bien qu’elle ait de lourds contentieux avec la Chine, reçoit du gaz et du pétrole de la Russie et sa politique d’alignement total sur les diktats américains est incertaine, puisque Moscou est alliée à Pékin. De plus, l’Inde, comme la Chine, a exprimé son opposition aux sanctions de Biden contre la Russie. La Nouvelle-Zélande souhaite la neutralité, ce qui ne laisse que l’Australie et le Japon. Ce n’est pas rien, mais en cas de confrontation guerrière avec la Chine, les États-Unis seraient contraints d’intervenir directement et de ne pas la déléguer à d’autres, se limitant à soutenir leurs alliés en termes de capitaux et d’armements, en supposant toujours que leurs alliés quadripartites soient disposés à faire la guerre par procuration.

Le croque-mitaine d’une guerre généralisée prendrait alors forme, faisant entrer en scène, en personne, les plus importants centres impérialistes internationaux, la Russie, la Chine et les États-Unis, avec leurs alliés stratégiques et occasionnels respectifs.

Comment éviter un éventuel scénario tragique que le capitalisme élabore pour surmonter ses crises ? Avec le pacifisme, qui n’a arrêté aucune guerre, et dans l’hypothèse fantaisiste et improbable où il réussirait, laisserait-il en place le capitalisme lui-même avec toutes ses contradictions, retardant, tout au plus temporairement, l’événement de la guerre ?

La réponse est évidemment NON. Le capitalisme a toujours produit des guerres pour conquérir les marchés des matières premières, pour dominer les marchés monétaires (aujourd’hui l’affrontement entre l’euro, le rouble, le yuan et le dollar), pour détruire la valeur du capital, pour avoir l’espace nécessaire pour reconstruire et relancer la machine à profits, pour se perpétuer et perpétuer son rapport avec l’exploitation de la force de travail. La seule solution possible est de tourner le travail contre le capital et ses guerres. Mais pour que cela se produise, le prolétariat international doit se doter d’une direction révolutionnaire, se libérer du conditionnement nationaliste, de la pensée dominante de la bourgeoisie, et ne pas se laisser berner par les faux mythes du capitalisme d’État présenté comme du socialisme.

Jamais comme auparavant – de Moscou à Kiev, de Pékin à Taipei, de Washington aux quatre coins du monde – le mot d’ordre «guerre ou révolution» ne s’est retrouvé porteur d’autant de sens. Seule la classe des opprimés par le capital peut remplir cette tâche historique. Sinon, à mesure que la crise mûrit, des guerres de plus en plus dévastatrices s’ensuivront, et l’avenir des prolétaires du monde entier sera de mourir pour leur propre bourgeoisie, alignés sur un front impérialiste plutôt qu’un autre, et jamais pour leurs propres intérêts, qui sont à l’opposé de ceux pour lesquels ils sont contraints de se battre.

Contre la guerre, pour la lutte des classes. Contre le capitalisme pour le communisme, contre tout nationalisme pour l’internationalisme prolétarien.

Vieux slogans ? Vieux mots d’ordre ? Oui, mais toujours valables, tant que le capitalisme avec toutes ses conséquences néfastes restera en vie.

F.D., 24 avril 2022.

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