En anglais, le concept de bourgeoisie est traduit par celui de middle-class. Mais le terme recouvre surtout celui de classes moyennes.
Une telle traduction, largement reprise par les médias, fait subrepticement disparaître le concept fondamental de classe dominante bourgeoise au profit de celui, purement statutaire et fonctionnel, de «couches moyennes» insérées dans la pyramide sociale.
Ces couches moyennes (la petite-bourgeoisie), comme Marx l’a souligné dans le Manifeste communiste, oscillent constamment entre le prolétariat et une classe bourgeoise, devenue dominante et solidement installée tout au sommet de la pyramide.
Néanmoins, par un tour de passe-passe idéologique, la bourgeoisie anglo-saxonne a imposé son concept de «middle-class» comme synonyme de classe «plébéienne» placée juste en dessous de l’aristocratie : la gentry de Sa très impérialiste Majesté.
Étant donné qu’aux USA, il n’y a pas d’aristocratie, malgré le titre pompeux donné à certains «rois de l’acier, du rail et du pétrole», tout le monde ou presque fait partie des «classes moyennes».
La cause est donc entendue : la majorité de la population est «bourgeoise», et comme M. Jourdain dans le Bourgeois gentilhomme, peut prétendre – non par des simagrées de cour mais par le jeu de la «démocratie» – parvenir à la «noblesse de l’argent». Une "noblesse" fondée sur le boursicotage, la rapine et l’exploitation féroce de millions de prolétaires.