La Chine est devenue l'usine du monde et du dynamisme urbain, où se concentrent d’énormes masses ouvrières et qui est la source vitale de plus-value pour le monde entier. L'Asie pèse de plus en plus lourd dans l'économie mondiale. Elle compte plus de 4 milliards d'habitants sur une population mondiale de 7 milliards.
Des firmes chinoises et indiennes rejoignent, et parfois dépassent, les japonaises et les sud-coréennes en haut du classement des plus grandes entreprises multinationales.
- Lutter pour des réformes ne veut pas dire être réformiste. Défendre le salaire et les conditions de vie est utile et nécessaire. Si la lutte pour les réformes est indispensable, elle ne doit pas faire perdre de vue que la lutte pour les réformes n'est, comme le disait Marx, qu'une guerre d'escarmouches, parce que ces réformes sont toujours susceptibles d'être remises en cause, et surtout parce qu'elles ne s'attaquent pas au fond du problème : l'existence du capitalisme.
- Nous ne voulons pas minimiser la lutte, mais il est nécessaire de la voir comme une expérience directe de milliers de prolétaires en lutte plutôt que de l’ériger en mythe idéologique. Nous soutenons le jugement posthume de Marx sur la Commune de Paris : « (...) abstraction faite de ce qu’il s’agissait d’un simple soulèvement d’une ville, dans des conditions exceptionnelles, la majorité de la Commune n’était pas socialiste, et ne pouvait pas l’être. Avec une faible dose de bon sens, elle aurait pu néanmoins obtenir avec Versailles un compromis utile à toute la masse du peuple, seule chose qu’il était possible d’atteindre à ce moment-là » (Karl Marx, lettre à Domela Nieuwenhuis, 1881, in La Commune de 1871, Union générale d’éditions-10/18, 1971).
La Chine est la première puissance commerciale du monde, avec un excédent commercial colossal. Les 8 plus grands ports à containers sont situés en Asie orientale. La Chine est le principal partenaire commercial de la plupart des pays du G20, et figure dans le trio de tête des partenaires commerciaux de tous les pays du monde. Les entreprises étrangères qui y sont implantées ne génèrent plus que 40% des exportations (contre 60% il y a dix ans). C'est avec la Chine que les américains ont leur plus important déficit commercial. En 2013, la Chine est devenue le premier importateur de pétrole. Les échanges intra-asiatiques s'accroissent plus vite que le commerce mondial : la Chine est désormais le premier partenaire de la plupart de ses voisins asiatiques, et devient pour eux un marché tout aussi important que ceux de l'Occident.
La Chine se transforme également en une puissance financière. Elle détient encore 10% de la dette américaine et les plus fortes réserves de devises et d'or du monde (malgré une baisse en 2015), et devient une source importante d'investissements directs à l'étranger (plus de 200 milliards de dollars en 2016, cent fois plus qu'il y a dix ans), majoritairement en Asie, mais de plus en plus en Amérique du Nord, et surtout en Europe où elle peut jouer de la concurrence entre les États. Elle est désormais le premier investisseur en Amérique latine. Quatre des cinq plus grandes banques mondiales sont chinoises.
Sa monnaie s'internationalise, et la place financière de Londres y contribue. Le « classement de Shanghai », aussi contestable soit-il, s'est imposé comme une référence pour les universités du monde entier, tandis que les étudiants chinois à l'étranger, très courtisés, représentent plus de 30% de tous les étudiants internationaux, et que la Chine elle-même compte en accueillir un demi- million en 2020. Ce sont des États asiatiques qui caracolent en tête des évaluations internationales du niveau des élèves, notamment en mathématiques. La chine sera bientôt le pays générant le plus de titulaires de doctorats et de brevets. Les flottes asiatiques s'étoffent et se modernisent rapidement.
- Elles sont toutefois encore loin de celles des Etats Unis, mais sont les deuxièmes du monde et en fort accroissement.
- Cf. Bases navales et porte-avions pour les capitaux de Pékin, L'internationaliste, n.208, juin 2017.
- La Chine et l'Inde s'affirment comme des puissances spatiales. Pakistan, Inde, Chine, Corée du Nord et Russie sont des puissances nucléaires, et le Japon a les capacités technologiques de basculer.
- Cf : Il Partito Comunista n° 379, 2016, La contesa dei militarismi nel mare della China (La querelle des militarismes en mer de Chine).
(suite)
Le Japon, qui a perdu de sa superbe depuis les années 1980 (à cause des États-Unis qui ont indirectement favorisés la Chine en s’opposant à l’avancée économique japonaise), reste la troisième puissance économique mondiale. Il est redevenu une puissance financière depuis le début des années 2010, et tient un rôle majeur dans les prêts interbancaires transnationaux. L'Inde connait une croissance impressionnante, portée notamment par le secteur des services. L'Asie du Sud-Est est remplie de « bébés tigres », qui misent sur des produits de niche ou des salaires souvent plus bas que ceux de la Chine, attirant les investissements étrangers : c'est le cas du Vietnam ou de l'Indonésie.
La Chine modernise ses armements (550 milliards de dollars prévus en 2020)8 et procède à la réforme de l’Armée Populaire de Libération, redimensionner l’armée de terre en faveur de la marine9 et de l’aviation10. À partir de 2009 déjà, d’énormes ressources ont été mobilisées pour la modernisation des forces navales, avec une attention particulière aux aspects technologiques comme le démontre le missile balistique de moyenne portée DF-21D11. La réforme, officiellement débutée le 31 décembre 2015, sera terminée en 2020. L’objectif principal est d’abandonner les résidus d’une structure de commandement basée sur l’armée de terre, adoptée à l’époque de Mao, et d’améliorer l’équilibre entre les forces armées.
Même l’Australie rentre dans la course à l’armement de la région, portant ses dépenses militaires à 2% du PIB. Le livre blanc de 2016, présenté le 25 février 2017, trace un plan de renforcement d’armement et de capacité de transport pour un montant total de 195 milliards de dollars australiens (127 Md d’euros) ainsi qu’une augmentation des effectifs à 62 400, le niveau le plus élevé depuis un quart de siècle. La décision a été motivée par « la hauteur des enjeux » et par « la situation actuelle » du continent asiatique dans son entier.
Les États-Unis renforcent leur présence dans le Pacifique. Les principaux composants de la Pacific Command sont : la Pacific Fleet avec 140 000 hommes, 600 avions et 200 unités navales ; la Army Pacific avec 106 000 hommes et 309 avions ; la Pacific Air Force avec 29 000 hommes et 600 avions. Les États-Unis disposent dans la région du porte-avions USS Reagan ; le porte-avions USS Roosevelt, détaché du Golfe Arabique pour opérer dans le Golfe du Bengale avec les flottes indiennes et japonaises, est désormais affecté au Pacifique. Il est prévu d’ici 2020 une augmentation de 30% du nombre d’unités navales assignées à la flotte du Pacifique ainsi que le positionnement de 60% des capacités militaires navales et aériennes à l’étranger.
Tout ce matériel inflammable rend explosif l'océan pacifique.
Sur le plan des relations politiques la zone Pacifique présente divers niveaux de conflits, depuis les conflits déclarés jusqu’à l’utilisation des marines militaires et des missiles sous forme de luttes commerciales-diplomatiques.
La reconnaissance de la République Populaire Chinoise par Panama, au dépit de Taiwan, et le changement de ligne politique des Philippines, sont des signaux d’un majeur dynamisme politique de la Chine au détriment des États-Unis.
Cependant la fabrique du monde comporte d’importants retards, comme par exemple la question paysanne qu’on ne peut considérer comme résolue ni en Chine ni, et encore moins, en Inde, pays encore marqués de formes de production archaïques. La rapidité avec laquelle l’accumulation capitaliste a investi le continent asiatique a laissé intactes les profondes contradictions entre villes et campagnes. À ceci s’ajoutent de continuelles poussées désagrégatrices (liées à des problèmes régionalistes, ethniques et religieux) aux frontières des deux colosses, la Chine et l’Inde.
Par ailleurs la croissance asiatique commence à trouver des limites, freinée par des crises déclenchées par les contradictions du marché et de la production mondiale, en arrivant à faire baisser le taux de croissance de l’économie chinoise. La demande de marchandises diminuant, la production industrielle globale, notamment chinoise, a subi des ralentissements et dans certains cas des arrêts.
Il existe également la possibilité d’une rupture de la bulle spéculative immobilière en Chine, et une crise de certains secteurs comme les transports (notamment la logistique maritime).
La politique étrangère chinoise elle-même oscille entre une neutralité déclarée, le besoin d’harmonie dans les relations internationales et une course au réarmement inévitable pour protéger ses intérêts contre le colosse américain. La Chine, que nombreux indiquent comme étant le prochain centre impérialiste, est un géant économique mais un nain politique12 (et cela vaut encore plus pour l’Inde), et donc incapable jusqu'ici de succéder aux États-Unis vu la capacité d’intégration internationale de l’impérialisme et le degré de contradictions dans lequel se trouve le mouvement du capital.
fichier pdf : L’océan pacifique ring principal d’affrontement du monde entier (Le fil rouge, Marseille, octobre 2017)
Quand les médias bourgeois continuent à qualifier la Chine d’État communiste et son principal parti capitaliste (PC) de parti communiste.
Pour l'ensemble des médias capitalistes, le capitalisme d’État ça n'existe pas, c'est du communisme!
La Chine reste, en 2017, même avec son capitalisme privé et ses multimilliardaires, toujours "communiste" pour les besoins de la cause bourgeoise libérale, où le totalitarisme capitaliste est fragmenté en une palette de partis bourgeois de l'extrême droite à l'extrême gauche...
La Russie stalinienne a été "communiste" et jamais capitaliste d’État pour ces bons apôtres de l'ordre capitaliste mondial. Pourquoi et comment le KGB s'est transformé en mafia capitaliste en un clin d’œil à la fin des années 1980, aucune explication n'est donnée par les médias capitalistes.
Il en est de même des différents groupes "gauchistes", "trotskystes" inclus, qui regrettent aujourd'hui le bon vieux temps du pur capitalisme d’État, qu'ils baptisèrent d'"État ouvrier dégénéré". Sa classe capitaliste? une couche bureaucratique! L'existence de la loi de la valeur et du capital, l'exploitation à mort du prolétariat? Une pure illusion. Le retour au capitalisme d’État stalinien, mâtiné de capitalisme privé, pour eux c'est l'avenir du prolétariat. La classe qui sera à la tête du prolétariat sous le capitalisme d'Etat? tous les petits-bourgeois "gauchistes", anciens ou néo-staliniens, qui attendent impatiemment leur heure pour s'ériger en "dictateurs du prolétariat". Ils pourront ainsi "aller à la soupe" comme tous les politiques bourgeois libéraux ou non.
Pantopolis.