2.1 La religion
Malgré la présence du mouvement socialiste dans les pays coloniaux ou semi-coloniaux – de l’Algérie à l’Égypte, en passant par l’Indonésie, pour l’islam; Birmanie, Indochine et Ceylan pour le bouddhisme – la critique marxiste de la religion se limita au christianisme. Celui-ci, du moins dans sa forme primitive – et plus tard sous forme de sectes révolutionnaires au Moyen Age et à la Renaissance (Vaudois, Taborites, Münzeriens, Anabaptistes, etc.) considéré comme un premier mouvement des exploités luttant pour leur libération. Engels pouvait ainsi, en 1894, faire un étonnant parallèle entre la lutte des esclaves chrétiens et la social-démocratie contemporaine :
L’histoire du christianisme primitif offre des similitudes remarquables avec le mouvement ouvrier moderne. Comme celui-ci, le christianisme était à l’origine le mouvement des opprimés, il apparaissait au commencement comme la religion des esclaves et des affranchis, des pauvres et des hommes privés de droits, des peuples subjugués ou bannis par Rome. Tous les deux, le christianisme comme le socialisme ouvrier prêchent une délivrance prochaine de la servitude et de la misère; le christianisme transporte cette délivrance dans l’au-delà, dans une vie après la mort, dans le ciel; le socialisme, lui, la place dans le monde d’ici-bas, dans une transformation de la société. Tous les deux sont persécutés et traqués, leurs adhérents sont proscrits et soumis à des lois d’exception, les uns comme ennemis du genre humain, les autres comme ennemis du gouvernement, de la religion, de la famille, de l’ordre social. Et malgré toutes ces persécutions, et même propulsés par celles-ci, l’un et l’autre se frayent victorieusement, irrésistiblement leur chemin[1].
Engels, moins virulent à l’égard du christianisme que Marx[2], considérait même que celui-ci était la dernière religion monothéiste que l’humanité ait engendrée («religion absolue»). Le christianisme était la Religion :
… après le christianisme, après la religion absolue – c’est-à-dire abstraite –, après la religion ‘en tant que telle’, plus aucune autre forme de religion ne peut surgir[3].
Aussi la question de l’islam comme religion ne pouvait guère être examinée en profondeur par les fondateurs du matérialisme historique. Elle le fut par Marx lui-même par la lorgnette de la «Question d’Orient», en fait celle de l’Empire ottoman réprimant périodiquement les populations chrétiennes. Marx l’expliquait par la doctrine belliqueuse de conquête propagée par le Coran :
Le Coran et la législation musulmane réduisent la géographie et l’ethnographie des différents peuples à la distinction simpliste et bien pratique de deux nations et de deux territoires, ceux des fidèles et ceux des infidèles. L’infidèle est harbi, c’est-à-dire l’ennemi. L’islamisme condamne la nation des infidèles, établissant un état d’hostilité permanente entre le musulman et l’incroyant. En ce sens, les navires pirates des États Berbères étaient la flotte sainte de l’Islam. Par conséquent, comment l’existence de chrétiens sujets de la Porte [Empire ottoman] peut-elle être conciliée avec le Coran ?[4]
Engels, à la fin de sa fin, dans son étude sur le christianisme primitif, considérait l’islam comme une religion propre à une aire géographique, «une religion faite à la mesure des Orientaux, et plus spécialement des Arabes», secouée de contradictions sociales entre riches commerçants des villes et bédouins nomades, une guerre venant rythmer les explosions sociales périodiques où apparaissaient des «mahdis» venant châtier les «infidèles» :
L’Islam est une religion appropriée aux Orientaux, plus spécialement aux Arabes, c’est-à-dire, d’une part, à des citadins pratiquant le commerce et l’industrie, d’autre part à des Bédouins nomades. Là réside le germe d’une collision périodique. Les citadins, devenus opulents et luxueux, se relâchent dans l’observance de la «Loi». Les Bédouins pauvres – et, à cause de leur pauvreté, de mœurs sévères – regardent avec envie et convoitise ces richesses et ces jouissances. Ils s’unissent sous un prophète, un Mahdi, pour châtier les infidèles, pour rétablir la loi cérémoniale et la vraie croyance, et pour s’approprier, comme récompense, les trésors des infidèles. Au bout de cent ans, naturellement, ils se trouvent exactement au même point que ceux-ci ; une nouvelle purification est nécessaire; un nouveau Mahdi surgit; le jeu recommence[5].
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Le rapport entre religion (christianisme) et socialisme n’a jamais été considéré dans la Gauche hollandaise comme une pure question de choix métaphysique. Pour le tribunisme (cf. chap. premier), il s’agissait d’abord de se démarquer des révisionnistes du parti et de la bureaucratie syndicale qui, par «neutralité», passaient sous silence l’acerbe critique de la religion exercée par le marxisme.
Les tribunistes tenaient aussi à se démarquer de l’anticléricalisme bourgeois, souvent appuyé (comme en France) par des fractions du mouvement socialiste, dont la conséquence était d’amener le prolétariat sur un terrain qui n’était pas le sien propre, à savoir alliance avec des tendances «radicales» de la bourgeoisie et dévoiement du terrain propre aux ouvriers, la lutte de classe. Leur position était similaire à celle de Rosa Luxemburg qui attaquait non seulement le cléricalisme mais l’anticléricalisme bourgeois qui à travers ses partis dits «radicaux-socialistes» avait fait de la laïcité républicaine un véritable mythe au service de la classe dirigeante :
Les socialistes sont précisément obligés de combattre l’Église, puissance antirépublicaine et réactionnaire, non pour participer à l’anticléricalisme bourgeois, mais pour s’en débarrasser. L’incessante guérilla menée depuis des dizaines d’années contre la prêtraille est, pour les républicains bourgeois français, un des moyens les plus efficaces de détourner l’attention des classes laborieuses des questions et d’amollir la lutte des classes. […] Pour les partis bourgeois, la lutte contre l’Église n’est … pas un moyen, mais une fin en soi; on la mène de façon à n’atteindre jamais le but; on compte l’éterniser et en faire une institution permanente. […] Les socialistes ne peuvent se contenter de suivre les anticléricaux bourgeois; ils en sont les adversaires et c’est pour les démasquer qu’ils doivent engager le combat contre l’Église[6].
[1] Engels, introduction de 1895 à l’édition allemande des Luttes de classe en France 1848-1850, in Marx/Engels, Werke, Band 22, Dietz Verlag, Berlin (Ost), 1972, p. 509-527.
[2] Marx, 1847 : «Les principes sociaux du christianisme prêchent la lâcheté, le mépris de soi, l’avilissement, la servilité, l’humilité, bref toutes les qualités de la canaille; le prolétariat, qui ne veut pas se laisser traiter en canaille, a besoin de son courage, du sentiment de sa dignité, de sa fierté et de son esprit d’indépendance beaucoup plus encore que de son pain. Les principes sociaux du christianisme sont des principes de cafards et le prolétariat est révolutionnaire» (souligné par nous), in Karl Marx et Friedrich Engels, Sur la religion, Éditions sociales, Paris, 1968, p. 89.
[3] Engels, „Die Lage Englands“, Manchester, janvier 1844, in Deutsch-Französische Jahrbücher, Paris, 1844.
[4] Marx, “Declaration of War. – On the History of the Eastern Question”, New-York Daily Tribune, 15 avril 1854.
[5] Engels, Contributions à l’histoire du christianisme primitif (1894) [Traduction de Laura Lafargue] : https://www.marxists.org/francais/marx/94-chris.htm
[6] R. Luxemburg, „Antwort auf die Umfrage über Antiklerikalismus und Sozialismus“, 10 déc. 1902, in Gesammelte Werke (1893-1906), Band 6, Karl Dietz Verlag, Berlin, 2014 [Traduction française : “Anticléricalisme et socialisme“, disponible sur le site “La Bataille socialiste“].
(suite II, religion)
La thèse qui était défendue par la Gauche hollandaise sous la plume de Pannekoek, dans sa brochure Religion et Socialisme (1906), apparaissait nouvelle dans la social-démocratie, et surprenante compte tenu de l’existence réelle de forts secteurs ouvriers dominés par leurs croyances religieuses et organisés dans syndicats confessionnels. Selon Pannekoek, qui péchera toujours sur ce sujet par excès d’optimisme, et jusque dans son livre Lénine philosophe (voir chap. VII), la cause était déjà entendue :
Maintenant, dans le prolétariat moderne, l’irréligiosité s’élève à la hauteur d’un phénomène de masse[1].
La religion – entendue par Pannekoek comme une «croyance en un être surnaturel, qui, prétendument, régit le monde et dirige l’histoire des hommes» –était donc un phénomène en voie d’extinction dans le prolétariat. Seules les classes possédantes, après avoir été dans leur période ascendante antireligieuses et matérialistes – dans le sens bourgeois – devenaient réceptives à la religiosité. Le fait religieux se réfugiait dans les couches dominantes, envahies de doutes sur la viabilité de leur système. Cette nouvelle religiosité bourgeoise traduirait donc la «fausse conscience» bourgeoise où la société capitaliste devenait pour elles «un domaine incompréhensible et plein de secrets».
Le prolétariat révolutionnaire, classe révolutionnaire appelée à enterrer la société capitaliste, ne devait plus se situer sur le terrain réducteur de la lutte contre la religion, comme l’avait fait la sans-culotterie parisienne à l’époque de la révolution bourgeoise. Le but n’était pas de «guider les hommes vers une nouvelle foi», voire une «mécréance irréligieuse», mais vers la «prise en main du pouvoir politique et social». Dans ce sens, le prolétariat conscient ne serait pas être «irréligieux», mais «areligieux». Il devait s’abstenir d’actes iconoclastes contre la religion et ses représentants qui finalement ne faisaient qu’en reconnaître l’autorité. Le prolétariat apparaissait au grand jour comme areligieux», c’est-à-dire sans aucune religion.
Cette analyse, qui était une critique du matérialisme bourgeois classique du XVIIIe siècle, tout orienté vers la dénonciation de la religion – «écrasons l’infâme», écrivait Voltaire –, valut à Pannekoek de vifs reproches de la part de Plekhanov qui – non sans quelque filandreuse argutie – vit dans cet opuscule une «brochure extrêmement suspecte»[2]. En fait, Pannekoek en se distanciant des théories «matérialistes» de Plekhanov préfigurait une critique de plus grande ampleur du matérialisme bourgeois vulgaire du xixe siècle, menée sous le pseudonyme de John Harper dans la brochure «Lénine philosophe».
La vision de la Gauche hollandaise était incontestablement tout orientée vers la seule question essentielle pour le marxisme : le développement de la lutte de classe vers la prise du pouvoir. Elle restait cependant dans le cadre de la social-démocratie, en considérant que pour les ouvriers et les membres du parti la religion devait rester une «affaire privée» (Privatsache) :
C’est pourquoi dans notre parti la religion est considérée comme une chose privée. Cela signifie que nous n’exigeons d’aucun de nos camarades de combat une profession de foi pour des avis déterminés dans ce domaine; encore moins nous n’exigeons qu’ils doivent montrer leur croyance en la théorie de la valeur de Marx, bien que nous reconnaissons sans détour tous la haute importance de cette théorie pour notre mouvement[3].
Tout en soulignant qu’il ne s’agissait pas de manifester «faiblesse» et «tolérance à motifs opportunistes» à l’égard de la religion, Pannekoek établissait une «neutralité» de principe qui débouchait sur l’empathie. Pannekoek utilise les termes très inhabituels de «compréhension» et «estime». Il ne s’agit nullement de pose tactique opportuniste pour mieux capter les voix des croyants intégrés dans un Front patriotique[4], mais bien d’une conviction marxiste que, comme tout mode de production, nulle religion ne saurait être éternelle, historiquement condamnée à disparaître :
Le socialisme ne manifeste pas une quelconque hostilité envers la religion que – en raison de notre point de vue matérialiste historique – nous savons comprendre et estimer en tant que phénomène temporairement nécessaire[5].
Cette attitude de Pannekoek vis-à-vis du phénomène religieux était doublement politique. Il s’agissait d’abord de se démarquer des anarchistes qui souvent, aux côtés des libres penseurs bourgeois, faisaient une propagande caricaturale contre la religion, en premier lieu contre le catholicisme dans les pays les plus retardés industriellement de l’Europe du Sud.
Pannekoek tablait sur la disparition progressive des illusions religieuses dans le prolétariat, mais elle pouvait apparaître comme une sous-estimation de l’impact de la religion en milieu ouvrier, et surtout dans les partis social-démocrates, dont les statuts permettaient l’acceptation d’éléments professant des sentiments religieux, puisque les croyances personnelles étaient une «affaire privée».
La conception de Pannekoek, considéré comme le théoricien de «l’antiléninisme», ne divergeait cependant pas de celle du chef bolchevik. Lénine considérait, comme les autres dirigeants de la social-démocratie, que la religion était une «affaire privée» dans le parti, et qu’il ne fallait pas mettre d’obstacle à l’adhésion d’ouvriers croyants dans le parti prolétarien, qui devait les éduquer révolutionnairement… sans trahir le programme du parti :
Nous devons non seulement admettre, mais travailler à attirer au parti social-démocrate tous les ouvriers qui conservent encore la foi en Dieu […] Nous les attirons pour les éduquer dans l’esprit de notre programme, et non pour qu’ils combattent activement ce dernier[6].
[1] Pannekoek 1906, p. 7 et 27.
[2] Plekhanov 1981a, «À propos de la brochure de Pannekoek» (1907), p. 93-97. La critique de Plekhanov était un mélange d’ergotage et de pédantisme. Pour lui, Pannekoek – qui écrivait d’ailleurs «de très mauvais articles» (sic) dans Die Neue Zeit – ne comprenait pas que la religion est «la croyance en un dieu ou en des dieux» et non celle «en un être surnaturel». «Pannekoek ignore tout du processus historique de l’apparition des religions» (p. 96). Mais, en fait, il y avait derrière cette «démolition» de Pannekoek deux divergences de taille. La première, qu’on ne peut affirmer, comme Pannekoek, «que la classe en question est de moins en moins religieuse». La deuxième, surtout, résidait dans la défense du matérialisme bourgeois du XVIIIe siècle par Plekhanov : «...le ‘matérialisme bourgeois’ était limité comparativement au matérialisme dialectique actuel. Mais il ne peut être question d’opposition. Le ‘matérialisme bourgeois’, c’est-à-dire plus exactement le matérialisme classique des XVIIe et XVIIIe siècles, n’est pas ‘tombé dans l’oubli’, comme l’affirme Pannekoek, mais renaît dans le ‘système’ de Marx» (p. 97) [Souligné par nous].
[3] Pannekoek 1906.
[4] Maurice Thorez, dans son appel du 17 avril 1936, dit de la «Main tendue» : «Nous te tendons la main, catholique, ouvrier, employé, artisan, paysan, nous qui sommes des laïques parce que tu es notre frère et que tu es comme nous accablé par les mêmes soucis… Nous communistes, qui avons réconcilié le drapeau tricolore de nos pères et le drapeau rouge de nos espérances…
[5] A.P., Religion und Sozialismus : https://www.marxists.org/deutsch/archiv/pannekoek/1906/religion/vortrag.htm
[6] Lénine, «De l’attitude du parti ouvrier à l’égard de la religion», 1909, in Œuvres, tome 15, p. 432-444.
(suite 3, marxisme radical et religion avant 1914)
Mais Lénine allait plus loin que Pannekoek. Il soulignait que «l’indifférence» de la social-démocratie en matière de religion – nécessaire pendant d’un anticléricalisme bourgeois visant «à détourner l’attention des masses ouvrières du socialisme» – avait engendré une nouvelle déformation du marxisme, celle de la conciliation et de l’opportunisme. «Affaire privée» dans le parti, exprimant seulement une «conviction intime»[1], la religion ne pouvait être «épargnée» par la propagande socialiste. Le mot d’ordre «Religion ist Privatsache»[2] ne trouverait son sens réel que dans la suppression de la religion ou des religions d’État, qui n’appartenaient nullement aux croyances véhiculées dans la «sphère privée» :
Le parti du prolétariat exige que l’État proclame la religion affaire privée sans pour cela le moins du monde considérer comme une ‘affaire privée’ la lutte contre l’opium du peuple, la lutte contre les superstitions religieuses, etc. Les opportunistes déforment les choses de façon à faire croire que le parti social-démocrate tiendrait la religion pour une affaire privée ![3]
Mais, dans le même sens que Pannekoek, Lénine soulignait le danger de trop axer la propagande sur l’athéisme et de lui donner une importance démesurée :
Cela menacerait de porter le parti politique du prolétariat à exagérer la lutte contre la religion; cela conduirait à effacer la ligne de démarcation entre la lutte bourgeoise et la lutte socialiste contre la religion[4].
Dans les luttes idéologiques de l’époque, la question de la lutte contre les croyances religieuses apparaissait donc secondaire. Aucun parti marxiste n’avait fait l’expérience d’une prise de pouvoir révolutionnaire. Si l’ensemble des partis social-démocrates se prononçaient pour la «laïcité», c’est-à-dire la séparation des Églises ou confessions et de l’État, il n’était encore nullement question de nationalisation ou confiscation des biens des Églises ou confessions, sauf quand les marxistes rappelaient que cela était une tâche des révolutions bourgeoises[5]. Il était encore moins question d’attaque frontale contre les croyances religieuses avec l’aide de l’État, en vue d’établir un «athéisme d’État».
Lorsque la révolution bolchevik voulut à partir de 1924 établir par la force cet athéisme d’État, rares furent ceux qui comme Trotsky constatèrent que tout «mouvement de sans-dieu», basé sur la satire, la dérision et la caricature, ne pourrait que convaincre les déjà convaincus et aurait fatalement un effet contraire :
Il reste toujours ceux que même la grande expérience révolutionnaire d’Octobre n’a pas libérés de la religion. Les méthodes formalistes de critique anti-religieuse, la satire, la caricature, etc., ne peuvent pas faire grand chose. Et si l’on y va trop fort, on risque d’obtenir un résultat inverse… En fermant simplement les églises, comme cela a été fait en quelques endroits, ou par d’autres excès administratifs, non seulement vous serez incapables d’atteindre un succès décisif, mais au contraire, vous préparerez la voie pour un retour en force de la religion[6].
Avant 1914, le mouvement socialiste avant d’être antirelieux, irréligieux ou a-religeux, était d’abord et avant tout anticapitaliste, luttant contre un système de chaos économique et social dont la suppression entrainerait à long terme la disparition de ses reflets idéologiques, dont la religion faisait partie. Trotsky et d’autres, avant comme après 1914, avaient souligné que
Seule l’abolition du chaos terrestre [peut] supprimer à jamais son reflet religieux [7].
Pour la Gauche marxiste, la lutte théorique contre le révisionnisme et l’anarchisme était un enjeu beaucoup plus considérable pour le mouvement ouvrier tout entier. Et, à cette époque, les premiers symptômes de déclin du capitalisme classique, se traduisant par une «religion de l’État» et une résurgence du mysticisme, étaient encore peu visibles.
[1] Comme tous les représentants des courants de gauche, Rosa Luxemburg proclamait : «Le principe socialiste ‘la religion est une affaire privée’ ne nous contraint à la neutralité et à l’abstention absolues dans les questions religieuses que dans la mesure où elles relèvent de la conviction intime, de la conscience» [R. Luxemburg 2013, «Anticléricalisme et socialisme»].
[2] Point 5 du Programme d’Erfurt adopté par le SPD en1891.
[3] Ibid.
[4] Ibid.
[5] Dans l’article écrit en français intitulé «Anticléricalisme et socialisme» (10 déc. 1902), R. Luxemburg souligne que «toute révolution bourgeoise, voulant rester fidèle à ses devoirs, devrait procéder à la confiscation des biens de l’Église» [Mouvement socialiste n° 111, 1er janvier 1903, p. 28-37].
[6] Léon Trotsky, «Sens et méthodes de la propagande anti-religieuse», Sochineniia, vol. 21, Moscou, 1925 [traduction en français : https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1925/00/lt19250000.htm].
[7] Ibid.