A bas le capitalisme de Guaido et Maduro!
Les USA et leurs alliés latino-américains (principalement le Brésil), ainsi que les pays capitalistes européens dans leur grande majorité, apportent tout leur soutien zélé à un jeune clone d'Emmanuel Macron dénommé Juan Guaido. Ils promettent, pour appâter la population affamée, quelque aide humanitaire, qui sera bien vite oubliée une fois l'ordre de l'Oncle Sam pleinement assuré. Les pays européens et les USA ne souhaitent bien entendu qu'une seule chose : le retour au vieil ordre libéral, au seul profit du camp américain. Quant aux partisans du caudillo Maduro, où l'armée joue un rôle clef dans la gestion de la rente pétrolière, ils ne peuvent compter que sur l'aide lointaine de pays capitalistes comme la Chine et la Russie, l'autre camp impérialiste en présence, mais aussi sur celle du dictateur turc Erdogan.
Quel que soit le résultat des maquignonnages politiques en cours, il n'y aura qu'une seule victime : les travailleurs du Venezuela, sur lesquels l'armée, qu'elle prenne position pour Guaido ou Maduro, n'hésitera pas une seconde à tirer, s'ils osent se révolter contre le hideux système capitaliste qui les condamne à la faim, à une misère sans nom et à l'exil. Au bout du compte, si les prolétaires vénézuéliens se trouvent dans l'incapacité de lutter avec acharnement, contre Guaido et contre Maduro, c'est une perspective de guerre civile bourgeoise entre les deux factions capitalistes qui pointe à l'horizon. La première victime en sera : le prolétariat vénézuélien lui-même, s'il n'a plus la force de lutter avec sa propre organisation et avec un programme clair : à bas le capitalisme dirigé par Guaido et Maduro!
Pantopolis.
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Nous publions cet article mis en ligne sur un site québécois qui nous semble juste dans son analyse. L'auteur en est Robert Bibeau dont nous ne pouvons garantir la "bonne foi" internationaliste qu'il affiche sur son site.
L’inflation au Venezuela a atteint 1 000 000% à la fin de 2018 et le PIB du pays, en crise financière et humanitaire, s’est contracté de 18% selon des statistiques du FMI publiées récemment.
Le FMI souligne en outre que les pays voisins risquent d’être de plus en plus exposés aux répercussions de l’effondrement de l’économie vénézuélienne. La pénurie de nourriture, les difficultés croissantes pour accéder aux soins de santé, à l’électricité, à l’eau, aux transports, combinés aux problèmes d’insécurité, ont fait fuir en masse la population qui se réfugie, notamment, en Colombie et au Brésil.
Ces réfugiés sont pour la plupart, d’anciens électeurs d’Hugo Chavez. Ils viennent des quartiers pauvres des grandes villes. Beaucoup portent encore le t-shirt rouge de la révolution bolivarienne. Parmi eux, il y a Mildre, qui a fait des heures de bus. Cette jeune femme de 30 ans vient de Ciudad Caribia, une cité de logement social près de Caracas, construit par Chavez en 2011 et alors fierté du régime. « On s’est vraiment trompés avec eux. On pensait que ça serait un bon gouvernement pour le Venezuela, même après Chavez, mais voyez par vous-même, il n’y a plus rien à y faire » explique la jeune femme qui se définit comme une ancienne chaviste, mais certainement pas comme une maduriste. Trois millions de Vénézuéliens auraient quitté leur pays depuis 2013, selon des chiffres de l’opposition. Une majorité de Vénézuéliens n’a pas voté lors du dernier scrutin présidentiel. (1)
« Le Venezuela reste englué dans une profonde crise économique et sociale », résume Alejandro Werner. Et, en 2018, le pays pétrolier enregistra une récession à deux chiffres pour la troisième année d’affilée, précise-t-il. La contraction du PIB devrait être pire qu’escomptée au printemps (-3 points de pourcentage) et encore plus marquée qu’en 2017 (-16,5%) alors que la production de pétrole, principale ressource du pays, continue de s’effondrer. »
Le Venezuela, une monoéconomie, tire 96% de ses revenus internationaux du pétrole brut. Or, sa production de pétrole s’est effondrée d’au moins la moitié en un an et demi, faute de liquidités pour moderniser les champs pétroliers. Et la production de brut a poursuivi sa chute en juin, à 1,5 million de barils par jour (mbj), soit son plus bas niveau en 30 ans, a indiqué l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP). (2)
La gauche internationale, qui a mis tant de ferveur à prêcher la « Révolution bolivarienne chrétienne et citoyenne » (3) garde le silence sur ce bilan désastreux de la bourgeoisie vénézuélienne alignée sur le camp russo-chinois, comme elle faisait l’impasse sur le bilan soviétique dans les années quatre-vingt. Aujourd’hui, les bobos déchirent leur chemise sur les ondes des médias mainstream pour dénoncer le « coup d’État » orchestré depuis la Maison-Blanche et mené par un petit arriviste Juan Guaido, sans se demander pourquoi et comment ce réactionnaire de peu d’envergure peut-il mobiliser des millions de citoyens pour protester contre la Révolution bolivarienne nationaliste et « socialiste » tant aimée. (4)
En réalité, le jeu de Juan Guaido n’a pas été dessiné à Washington, mais au Brésil. Itamaraty est devenu le véritable siège de l’opposition vénézuélienne et le gouvernement Bolsonaro n’a pas hésité à utiliser tous les arguments disponibles pour justifier son intervention. C’est que le Brésil et le Chili entendent développer une politique impérialiste adossée aux États-Unis et donc en opposition avec le camp russo-chinois qu’a choisi Maduro et sa clique. Les mesures de réalignement de l’Amérique latine sous le giron américain ne manquent pas, dont le lancement de l’organisation régionale remaniée (Mercosur) et la réinterprétation du nouveau traité entre le Mercosur et l’Union européenne avec la bénédiction de Washington qui y voit une façon de remettre la monnaie de sa pièce à l’UE récalcitrante. (5)
Le cyclone économique qui emporte le Venezuela semble sans fin, et si la dépendance de chaque faction bourgeoise nationaliste envers le camp impérialiste occidental (OTAN), ou envers le camp impérialiste asiatique (Alliance de coopération Shanghai) est évidente, une constante frappe l’observateur prolétarien, soit l’impossibilité d’un développement indépendant du capitalisme national vénézuélien sous les conditions de l’impérialisme contemporain. Il n’y a pas un pays – pas un capitalisme national – qui puisse échapper aux conditions de l’impérialisme contemporain. C’est pourquoi il n’y a pas de « libération nationale » ni de nationalisme économique viable comme nous l’avons démontré à partir de l’exemple soviétique dans notre essai « La question nationale sous l’impérialisme moderne », que ce nationalisme réactionnaire soit chaviste ou d’opposition « guaidiste », tout nationalisme n’est rien d’autre qu’une prison nationale pour la classe prolétarienne internationale. (6)
Pourquoi la classe prolétarienne verserait-elle son sang pour soutenir la faction de la bourgeoisie bolivarienne soumise aux intérêts du camp impérialiste asiatique – et pourquoi la classe prolétarienne verserait-elle son sang pour soutenir la faction de la bourgeoisie vénézuélienne soumise aux intérêts du camp impérialiste occidental?
Au Venezuela, comme partout ailleurs dans le monde capitaliste, la véritable alternative pour la classe prolétarienne est d’être le porte-étendard d’une bataille entre les deux factions du capital national ou de se battre de manière indépendante, en tant que travailleurs, pour satisfaire leurs besoins fondamentaux en laissant de côté «l’intérêt national»; parce que l’intérêt national chauvin n’est rien d’autre que l’intérêt du capital national qui ne mène qu’à la ruine, l’hyperinflation, la fuite hors du pays en tant que réfugiés économiques et à la guerre. La classe prolétarienne vénézuélienne doit cesser de faire la politique des autres classes et mener sa propre politique de classe dans son propre intérêt internationaliste.
- https://www.francetvinfo.fr/monde/venezuela/si-ca-continue-maduro-va-se-retrouver-tout-seul-dans-son-pays-avant-les-elections-des-milliers-de-venezueliens-fuient-leur-pays_2760325.html
- https://www.francetvinfo.fr/monde/venezuela/venezuela-une-inflation-de-1-000-000-d-ici-fin-2018-et-une-contraction-du-pib-de-18-selon-le-fmi_2863953.html
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Sim%C3%B3n_Bol%C3%ADvar
- https://www.lci.fr/international/en-direct-venezuela-le-president-autoproclame-guaido-appelle-a-manifester-mercredi-et-samedi-pour-faire-basculer-l-armee-2111006.html
- https://nuevocurso.org/venezuela-ni-gobierno-ni-oposicion/
- http://www.les7duquebec.com/7-au-front/question-nationale-et-revolution-proletarienne-2/
- Et le volume sur le nationalisme sur AMAZON https://www.amazon.fr/Question-nationale-r%C3%A9volution-prol%C3%A9tarienne-limp%C3%A9rialisme/dp/2343114749/ref=sr_1_3?ie=UTF8&qid=1548689606&sr=8-3&keywords=robert+Bibeau