On ne peut modifier le syndicalisme réformiste et le transformer en "syndicalisme révolutionnaire". Toujours il y aura capitulation des syndicats devant le capital, collaboration avec les patrons et l'Etat et trahison toujours.
Le mouvement social de protestations au Belarus est bien sous l'emprise du nationalisme. Sans rejet du nationalisme et de tous les impérialismes quels qu'ils soient (occidental, russe, américain, chinois), pas de lutte de classe et donc de réelle défense des intérêts des travailleurs.
Après l'article de Battaglia comunista, dont nous avons donné la traduction, et qui soulignait à juste titre le danger du syndicalisme de base du type Solidarnocz ou autre, nous publions la traduction du russe de cet appel de syndicalistes biélorusses en date du 17 août 2020.
Cet appel émanant de prétendus "groupes de marxistes biélorusses" et adressé aux "communistes et gauchistes (sic) du monde entier" est trompeur. Il vise à construire des syndicats qui gagnent, sans doute sur le modèle polonais en 1981. Il n'a rien de révolutionnaire. Il mêle de façon classique toutes les revendications qui peuvent être exprimées aujourd'hui par les syndicats réformistes : maintenir les retraites, préserver et élargir le secteur public; maintenir partout l'emploi, interdiction des amendes, etc.
Que ces revendications puissent être reprises par une base défendant pied à pied ses intérêts contre les ceux du capital, cela est plus que probable. Mais de telles revendications ne feront que revêtir la forme la plus élémentaire de la lutte, sous sa forme trade-unioniste.
L'appel de ces "groupes de marxistes biélorusses" autoproclamés est une pure tromperie : il vise - comme cela est dit clairement- à "démocratiser la vie politique" du système, un mixte de capitalisme d’État et de capitalisme privé. L'appel à la "liberté" est en fait un appel à "des élections libres", où les syndicats d'opposition seraient reconnus comme "interlocuteurs privilégiés" : en bref , des "organisations de salariés normales, permanentes et indépendantes des autorités ou des patrons". Une pure illusion, comme on peut l'observer partout dans le monde capitaliste!
Ces élections libres seraient d'ailleurs la voie ouverte à une emprise renforcée du capital occidental, Loukachenko ayant fait appel dans le passé aux bons offices de Bruxelles pour recevoir une aide financière plus que nécessaire.
Ces "groupes de marxistes" sont, comme les "gauchistes" syndicalistes pour le maintien des nationalisations, du secteur d’État ("interdire les privatisations"). Mais jamais dans leur discours prétendument "marxiste" il n'est question d'abolition du système capitaliste et du salariat, donc de construction d'une société sans classes et sans État. Celle-ci passe OBLIGATOIREMENT par la destruction de toutes les formes de capitalisme, privé et d’État, à l'Ouest comme à l'Est.
Une nouvelle société, libre des chaînes capitalistes, engendrée par une révolution prolétarienne non dans un seul pays mais dans tous les pays, ne peut naître que de la force organisée des travailleurs eux-mêmes.
La TCI affirme qu'il faut non pas UN mais LE "parti de classe". Un langage peu différent de celui des programmistes bordiguistes.
Il faudra en fait une longue suite de grèves généralisées à plusieurs pays, un véritable incendie de classe, pour voir naître des noyaux qui fassent éclore NON PAS UN MAIS PLUSIEURS PARTIS DE CLASSE. L'apparition de tels partis ne peut rentrer que dans un processus révolutionnaire qui fasse surgir des ORGANISATIONS GENERALES DE PROLETAIRES, DES ORGANISATIONS DE MASSE REVOLUTIONNAIRES : LES CONSEILS OUVRIERS qui sont les véritables organes du pouvoir prolétarien.
L'appel de ces "marxistes biélorusses" émane de réformistes pur jus qui désirent s'aménager une place au sein du système capitaliste biélorusse, surtout sous sa forme étatique. Une révolution prolétarienne qui détruirait toute la merde capitaliste leur semble une vraie "utopie", dans le meilleur des cas.
Le surgissement d'une authentique révolution prolétarienne serait un attentat monstrueux contre les espérances (aussi immenses que vaines) d'apprentis bureaucrates prêts à tout pour "partager la plus-value et le pouvoir", comme le font - as usual - tous les capitalistes qui se respectent.
26 août 2020
PB/Pantopolis.
On an appeal by Belarusian trade unionists to «communists and leftists (sic) from all over the world».
Following the article by “Battaglia comunista”, whose translation in French we gave*, and which rightly underlined the danger of basic trade unionism of the Solidarność type or otherwise, we are publishing the translation from Russian of this appeal by Belarusian trade unionists dated 17 August 2020.
This appeal from so-called «groups of Belarusian Marxists» addressed to «communists and leftists (sic) all over the world» is misleading. It is aimed at building winning trade unions, presumably based on the Polish model in 1981. There is nothing revolutionary about it. It mixes in a classical way all the demands that can be expressed today by the reformist unions: to maintain level of the pensions, to preserve and enlarge the public sector; to maintain employment everywhere, to ban fines, etc. It is not revolutionary.
That these demands can be taken up by a base that defends its interests against those of capital on a foot to foot basis is more than probable. But such demands will only take on the most elementary form of struggle, in its trade-unionist form.
The call of these self-proclaimed «groups of Belarusian Marxists» is a pure deception: it aims - as is clearly stated - at «democratizing the political life» of the system, a mixture of state and private capitalism. The call for «freedom» is in fact a call for «free elections», in which the opposition trade unions would be recognized as «privileged interlocutors»: in short, «normal, permanent and independent organizations of employees, independent of the authorities or the bosses». A true illusion, as it can be observed everywhere in the capitalist world!
These free elections would, moreover, be the way to a reinforced hold of Western capital, Lukashenko having in the past called on the good offices of Brussels to receive much-needed financial aid.
These «groups of Marxists» are, like the «leftists» trade unionists for the maintenance of nationalizations, the state sector («forbid privatizations»). But never in their supposedly «Marxist» discourse is there any question of abolishing the capitalist system and the wage-labour force, thus building a classless and stateless society. This means the destruction of all forms of capitalism, private and state, in the West as well as in the East.
A new society, free from capitalist chains, engendered by a proletarian revolution not in a single country but in all countries, can only be born from the organized force of the workers themselves.
The ICT affirms that it is not ONE but THE «class party» that is needed. A language little different from that of the ‘bordigist’ activists.
In fact, it will take a long series of generalized strikes in several countries, a true class fire, to see the birth of nuclei that will give rise to NOT ONE BUT SEVERAL CLASS PARTIES. The appearance of such parties can only be part of a revolutionary process that brings about the emergence of GENERAL PROLETARIAN ORGANIZATIONS, REVOLUTIONARY MASS ORGANIZATIONS: THE WORKING COUNCILS, which are the only ones organs of proletarian power.
The call of these «Belarusian Marxists» emanates from true reformists who wish to take their place within the Belarusian capitalist system, especially in its state form. A proletarian revolution that would destroy all the capitalist shit seems to them a real «utopia», in the best of cases.
The emergence of an authentic proletarian revolution would be a large scope attack on the hopes (as disproportionate as they are vain) of aspiring bureaucrats ready to do anything to «share surplus value and power», as all self-respecting capitalists do - as usual.
August 26, 2020
PB/Pantopolis.
* http://pantopolis.over-blog.com/2020/08/tci-battaglia-comunista-bielorussie-entre-confrontations-imperialistes-et-mouvements-de-classe-l-etablissement-d-un-lien-tres-etroit.
Un appel de syndicalistes biélorusses*
Народная демократия - народная экономика
Démocratie du peuple – démocratie économique
To workers – Appel aux ouvriers
Aux collectifs de travail
Призыв к коммунистам и левым всего Мира!
To the communists and leftists of the world!
Appel aux communistes et aux gauchistes du monde !
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Appel aux travailleurs,
Le Bélarus est en proie à des mouvements de protestation. Des cris et des coups de feu sont entendus tous les jours dans les rues, tandis que la police arrête entre plusieurs centaines et plusieurs milliers de personnes chaque jour. Le conflit s’intensifie et les premières victimes sont déjà là.
Les gens ont le droit de protester, et nous comprenons que beaucoup soient descendus dans la rue en ayant le sentiment que la justice est bafouée, mais quand ils affrontent les balles et les matraques, en se battant avec les forces de l’OMON, les gens risquent leur santé, leur liberté et même leur vie.
Il existe des moyens plus efficaces de lutter. Et pas seulement pour des élections libres, mais aussi pour la possibilité d’améliorer sa vie ici et maintenant. Il existe un outil très efficace et éprouvé depuis longtemps : la grève.
Aujourd’hui, beaucoup appellent à arrêter les usines pour mettre fin aux violences policières.
Mais, ce n’est pas suffisant.
Nous n’avons pas seulement besoin d’une grève généralisée pour des élections libres. Nous avons besoin d’une organisation qui instruira les travailleurs chaque fois que le patron ou le propriétaire «s’égare». Chacun d’entre nous passe la majeure partie de la journée sur son lieu de travail, et c’est de là que naît le sentiment très oppressant de ne pas être libre, par peur de perdre notre place.
Nous avons besoin d’organisations de salariés normales, permanentes et indépendantes des autorités ou des patrons.
De plus, de telles organisations de travailleurs ne sont pas seulement nécessaires dans les très grosses industries d’État. Aujourd’hui encore, la majorité des Biélorusses travaille dans le secteur privé et la situation n’y est souvent pas meilleure que dans le secteur d’État. Et une entreprise privée n’est pas moins un «sponsor du régime» que l’entreprise d’État.
On en parle beaucoup moins souvent, car aucun homme d’affaires ne souhaite avoir dans son entreprise des organisations qui limiteraient ses appétits. Cependant, sans organisations de travailleurs et sans lutte dans le secteur privé, le sentiment oppressant d’absence de liberté de la majorité des Biélorusses ne disparaîtra nulle part.
Ce pour quoi nous devons nous battre pour :
- interdire la privatisation des entreprises
- préserver l’emploi
- démocratiser la vie politique
- libérer immédiatement les personnes détenues injustement
- abroger le décret n° 3 sur la prévention de la dépendance sociale.
- interdire les amendes et les sanctions
Pour l’annulation du contrat !
Pour de meilleures aides sociales !
Pour l’abolition de la réforme des retraites !
Pour des syndicats qui gagnent !
Que faire ?
Parlez et discutez avec vos collègues.
Organisez des discussions sur les sites de réseaux sociaux ou par messagerie.
Cherchez les ateliers où la grève arrêtera la production ou les services.
Regroupez-vous et soyez prêts à cesser le travail au bon moment.
Sur Telegram : @zabastabel
En réponse : @zbstBY_bot
* 17 août 2020. Traduit du russe en français par PB/Pantopolis. Texte en italien présenté comme « un appel des groupes marxistes biélorusses » in Il pungolo rosso : https://pungolorosso.wordpress.com/2020/08/17/un-appello-dei-gruppi-marxisti-bielorussi/ Les Cobas italiens, syndicalistes dits de base, ont fait circuler cet appel.