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théorie politique

Les "reliques" d'Amadeo Bordiga après le désastre de 1981-1982. Continuité et discontinuité

Publié le 31 Mars 2025 par PB/Pantopolis

Les reliques de Bordiga après le désastre de 1981-1982. Continuité et discontinuité. Un bilan impossible ?

Le groupe algérien national-arabe «El Oumami» avait été l’épicentre du séisme de 1982, car il était largement soutenu par la section de Paris, qui avait la haute main sur les publications françaises et arabes. Le cloisonnement absolu de l’organisation, où seuls se connaissaient réellement les «responsables» de section, avait démultiplié les effets du séisme.

Les chefs de la section de Paris, tel Martin Axelrad (Nicolas), placés brusquement devant le gouffre béant, décidèrent de dissoudre la section, en la quittant. Ils emportèrent les fonds et les archives, qu’ils ne souhaitaient pas (semble-t-il) laisser tomber en de mauvaises mains.

Des sections entières, comme celles d’Allemagne[1], d’Espagne et d’Amérique latine[2] sombrèrent. Celle d’Allemagne, très marquée par l’activisme (anti-nucléaire) suivit un temps le groupe «El Oumami» avant de couler. Des éléments individuels essentiels pour les traductions en turc[3] et en grec[4] disparurent un certain nombre d’années.

Le naufrage généralisé laissa émerger quelques noyaux qui continuèrent une activité organisée.

  • Quaderni internazionalisti – n + 1 et Cahiers du marxisme vivant

Les groupes d’Ivrea et de Turin – dont le responsable était l’ouvrier Walter Manfredo* (Alessandro) – avaient tenté en mars 1981 de discuter des problèmes de l’organisation avec la section de Marseille, dirigée par Suzanne Voute. Face aux menaces, il avait répondu au Centre de Maffi : «Nous n’avons pas peur : les faits se frayent leur chemin, les anathèmes se lancent le temps qu’ils se donnent, les silences et les mystifications sont de véritables boomerangs qui se retournent contre ceux qui les ont propulsés»[5].

Le Centre décida de dissoudre la section de Turin en avril, les militants en accord avec la ligne officielle devant se réinscrire individuellement. Bientôt, ce fut le tour, en juin, des sections du Sud de la France (Marseille, Aix-en-Provence, Avignon et Toulouse). Il s’ensuivit que la section d’Ivrea et la majorité de celle de Turin, avec la section Sud de la France, trouvèrent un terrain d’entente qui s’exprima par la publication du premier et unique numéro de L’Internazionalista en octobre 1983. Ce dernier faisait remonter la cause de la désagrégation du «Parti» à 1967, qui aurait totalement sombré dans le «marxisme-léninisme» kominternien et le «syndicalisme révolutionnaire»[6], c’est-à-dire l’activisme syndical.

C’est à la suite de cette réflexion commune que sortit à partir de 1991 les Cahiers du marxisme vivant, mais le petit noyau autour de Suzanne Voute resta isolé, peinant à sortir neuf numéros en 14 années, tentant un bref bilan sur la sectarisation du «parti» par le «marxisme-léninisme» (cf. infra), mais restant surtout sur le terrain de l’analyse des crises («Marxisme et crises»).

Le départ d’autres sections, comme à Ariano Irpino, Torre Annunziata, puis Schio[7] et Bénévent, incitèrent le groupe de Walter Manfredo, autour des Lettere ai compagni (premier numéro en oct. 1981), à poursuivre un travail théorique sur de nouvelles bases. Ce fut d’abord les Quaderni Internazionalisti (1984-1999), puis, enfin, la revue n +1, qui poursuit sans à-coups son activité théorique.

  • Le Prolétaire et Programme communiste (1982-2015)

En France, après l’effondrement d’octobre 1982, la section de Paris s’étant évaporée, ce sont les sections de Lyon et de Strasbourg qui reprirent le flambeau. Le Prolétaire put reparaître, mensuellement, tandis que la revue «théorique» Programme communiste subissait une longue éclipse[8].

Le Prolétaire, qui était devenu un pur journal d’agitation, ne put cacher l’étendue des dégâts[9]. Le désastre était mis sur le compte de la «rage militante» et d’un activisme : «Le juste besoin d’exprimer une véritable solidarité envers les puissants mouvements de la périphérie – Maghreb, Pologne, Palestine entre autres – conduisit, avec une rage impatiente dictée par un esprit militant sur lequel nous ne cracherons pas (sic) conduisit l’ancienne direction sortante en France et en Allemagne à éluder les difficiles questions nées sur le terrain du travail élémentaire de l’organisation prolétarienne au profit du développement d’une activité peu encadrée politiquement, en direction de ‘tout ce qui bougeait’… ». Cette ‘bougeotte’ militante activiste fut baptisée par la suite maladie «mouvementiste», une maladie qui chez d’autres groupes ‘gauchistes’ ou ‘libertaires’ activistes fait office de thérapeutique[10].

Certains responsables, comme Roland Laffitte (Paul), avaient tenté post festum de tirer les leçons du désastre en pointant la sectarisation, qui «transforme la théorie en catéchisme et les leçons du passé en recettes, fossilise l’organisation du mouvement en une secte apolitique». Néanmoins, aucune critique n’était faite du syndicalisme et de la politique «anti-impérialiste» de l’organisation qui sous-tendaient ce militantisme ‘mouvementiste’ : «Le PCint n’a pu tenter de sortir de la situation de secte totalement fermée que grâce à l’activité syndicale, permise pas sa conception économiste-ouvriériste de la maturation de la conscience de classe, en liaison avec les reflets de la vague de 1968 sur son organisme, notamment à partir de 1972-74, ainsi que grâce aux efforts réalisés pour se placer sur un terrain anti-impérialiste – qui est bel et bien politique – des forces poussées par cette vague sociale vers les vérités marxistes (sic) contenues dans sa doctrine même si elles sont déformées; et ces deux mouvements ont fourni la base et le ressort matériel de sa structuration organisative et de son effort pour apparaitre comme une organisation militante»[11].

Le ton restait finalement «marxiste-léniniste», voire maoïste («le juste besoin»)[12], de ton et de contenu. La Pologne, où se déroulait la plus puissante grève de masse depuis 1968, était reléguée dans la périphérie du capitalisme, placée sur le même plan que le Maghreb ou les camps de fédayins palestiniens dispersés dans les pays arabes.

Il fallut un long processus de décantation[13] mené en symbiose avec le groupe milanais «Il Comunista», ayant une optique plus ‘prolétarienne’, pour que le groupe français s’éloigne de ce «marxisme-léninisme» maoïsant, au prix d’une «longue marche» de plus de 20 années, qui laissa plus d’un perdu dans le désert.

On notera la différence sur la question du Moyen-Orient. En mai 1984, Le Prolétaire titre : «Un objectif central, la destruction de l’État d’Israël»[14]. En 2012, le journal, fixé à Lyon, revenant sur la question du Moyen-Orient, à l’occasion de la guerre de Gaza, renouait avec ses anciennes positions internationalistes de 1967-71 : «Seul un bouleversement révolutionnaire de toute la région, renversant tous les États bourgeois et unissant les prolétaires de toutes nationalités et religions pour faire disparaître cette oppression, pourra mettre fin à l’interminable calvaire des masses palestiniennes, comme à celui de tous les opprimés du Moyen-Orient»[15].

  • Les morceaux épars de Programma comunista (1983-2015)

D’innombrables groupuscules ont surgi de l’éclatement de 1982, se maintenant sur des positions le plus souvent dogmatiques et ultraléninistes. On mentionnera, entre autres[16], pour son intérêt politique le «Partito Comunista Internazionale»-Bolletino, qui, à la suite du départ de militants en novembre 1982, publia jusqu’à juin 2005 29 numéros d’un bulletin, ainsi que la revue en français Pour la défense du programme communiste. Leur ‘bolchevik-léninisme’ culmina dans une apologie de la brochure de Trotsky Terrorisme et communisme, soutenant la répression de Kronstadt[17]. Ce groupe exprima un total rejet des principes du PCInt de 1943, fondé par Damen, qui avait nettement condamné la répression anti-ouvrière de Kronstadt : «De la violente répression perpétuée contre les authentiques révolutionnaires de Kronstadt jusqu’à la liquidation physique de toutes les oppositions à la politique nationaliste de Staline, il est évident que, dans l’État ouvrier, … tous, révolutionnaires ou non, ont de fait contribué à armer les milices de la plus impitoyable réaction anti-prolétarienne qui devait étrangler la Révolution d’Octobre, et avec elle ses meilleurs combattants»[18].

Plutôt que de faire un recensement exhaustif (et impossible) de tous les prétendants au titre nobiliaire de «parti communiste international», il nous semble plus judicieux de nous concentrer sur les principaux «éclats» du «parti» qui ont survécu en conservant un impact international, même très réduit.

À Milan, la course pour le pouvoir s’engagea pour prendre la direction du groupe italien, Bruno Maffi étant déjà «mort et promptement enterré». Des responsables du Centre italien (« Il Centro ») comme Renato De Prà* (Ettore), appuyés par la masse des militants, tentèrent de sauver ce qui pouvait l’être. Bruno Maffi fut évincé du Bureau central international (BCI) ainsi que de la direction politique du journal Il Programma comunista, dont il était directeur rédactionnel depuis trente années. Le «centralisme démocratique», impliquant tenue de congrès et nomination d’un Comité central, fut rétabli en juin 1983. Les nouveaux comitards vont alors donner naissance à une organisation très activiste «Combat» qui réussit d’abord à s’emparer du journal Il programma comunista (nos 7 à 10). La situation dura jusqu’en février 1984, date à laquelle Bruno Maffi obtint par jugement des tribunaux le droit de «reprendre le combat» en gardant la pleine propriété du titre[19].

Les tenants de la ligne activiste du groupe «Combat» publient alors leur journal éponyme, qui précise en sous-titre : «giornale per il partito comunista internazionale» jusqu’à la fin de 1987. Ils mettent les raisons de la faillite d’octobre 1982 sur le compte d’un «vice d’origine» de la sinistra comunista.

Ceux qui s’opposent à cette liquidation publient alors, dès février 1985, Il Comunista, en tant qu’«organe du parti communiste international», malgré leur taille microscopique. Le journal a pour rédacteur en chef de fait Renato De Prà (Ettore). Sous sa direction, l’organisation commença un travail de remise à flot des sections française, suisse et grecque, intégrant tous ceux qui quittaient définitivement «Il programma comunista» et «Combat»[20].

Il est remarquable que Bruno Maffi, presqu’octogénaire, ait confessé la nécessité de «recommencer de zéro», pointant des scissions sectaires n’ayant aucune justification politique. Mais, peu porté à battre sa coulpe, jamais il n’émit la moindre critique du désastreux ‘centralisme organique’, qu’il avait assumé pendant près de trente années, ne remettant jamais en cause la dogmatique bordiguienne :

«Il est certain que ‘Il Comunista’ dit pratiquement la même chose que nous, et j’ai souvent dit à Renato [De Prà] que je ne comprends pas pourquoi ils doivent exister sous forme de groupe séparé… Nous de ‘Programma’, nous avons mille défauts et nous ne fanfaronnons pas, mais au moins nous sommes les seuls à chercher à interpréter les faits du monde capitaliste… Les Renato nous accusent d’être de ‘purs propagandistes’… une partie adverse nous accuse d’être trop peu théoriques, et ne sait faire rien d’autre que de remâcher les choses qui ont déjà été dites mille fois et en mieux. Aucun n’a l’humilité de comprendre (et d’agir en conséquence) que nous devons recommencer de zéro, avec l’énorme avantage de travailler sur la base de points programmatiques définis une fois pour toutes (sic) Tout ceci laisse un goût très amer, mais je ne vois pas comment on peut y remédier. C’est l’histoire qui décidera de la vie ou de la mort de tel ou tel regroupement…»[21].

Ainsi, tous ces micro-groupes attendaient le jugement final de l’Histoire, sans se rendre compte qu’ils jouaient la même pièce depuis 1952 : chacun des protagonistes se proclamait haut et fort le «parti» authentique et jouait sans fin le rôle de prétendant à la succession de Bordiga.

Il n’est donc pas surprenant qu’un réel bilan sans complaisance du naufrage final, tant politique que théorique, en remontant à la source (1952, prise du pouvoir par Bordiga), fût pour chacun des petits diadoques une incongruité.

Sur la question clef de l’utilisation des luttes de libération nationale par les divers impérialismes, question déjà posée par Rosa Luxemburg et combattue par Lénine, chacun de protagonistes restait léniniste. C’est ainsi que, sur la question de l’internationalisme au Moyen-Orient, tant le groupe «Il Comunista» qu’«Il programma comunista» ont toujours laissé planer leurs ambiguïtés sur la question nationale, pourtant censée être transcendée par la mondialisation capitaliste depuis la «réunion générale du Parti» de 1979 (cf. supra). Tandis que «Il Comunista» continuait à défendre un «palestinisme» mou, moins goudronné de nationalisme arabe[22], les «programmistes» s’enflammaient pour la «question kurde» et le «kurdisme». Après la «déception» causée par les le terrorisme aveugle des fédayins, le PKK[23] apparaissait (enfin !) comme une «avant-garde», remplaçant peu à peu la mythique keffieh de «Palestiniens» transformés en professionnels de la kalachnikov, mercenaires de tous les impérialismes régionaux :

«Les communistes doivent, quant à eux, œuvrer et faire en sorte que se détache une pointe avancée de la seule force politique kurde qui se bat de façon conséquente contre l’oppresseur – le PKK –, et que, dépassant les limites de la lutte de résistance nationale, elle se place à l’avant-garde de la lutte prolétarienne et communiste pour le renversement de tout l’appareil de domination bourgeoise dans tout le Moyen-Orient»[24].

En un remord marxiste, Il programma comunista confessait que l’enjeu était en fait ailleurs : «C’est le capitalisme qui doit être abattu : dans le cas contraire, la chaîne des martyrologues nationaux se prolongera indéfiniment»[25].

Cette flamme «kurdiste» conduisit l’ancienne dirigeante du «Parti», chargée du secteur syndical, Graziella Bronzini* (Veronica), à s’engager totalement dans la nouvelle cause, surtout dans le domaine humanitaire[26].

Quelques années plus tard, les mêmes «programmistes» italiens mettaient officiellement fin à leur «palestinisme» en déclarant clos le cycle des luttes de libération nationale : «Alors qu’aujourd’hui le cycle des luttes et des mouvements purement nationaux tant pour la Palestine que pour le Moyen-Orient est définitivement privé de toute perspective historique, il n’existe pour les masses palestiniennes qu’une seule solution, qui contient aussi la possibilité d’un dénouement de l’oppression et de la discrimination nationale : la lutte pour la révolution prolétarienne internationale, à partir du renversement de tous les États de la région, d’Israël aux diverses républiques et émirats arabes, et de l’expulsion des différents brigands impérialistes qui contrôlent politiquement et économiquement les masses du Moyen-Orient… »[27]

  • Il Partito Comunista toscan

Toujours nostalgique des “syndicats rouges” des années 20 (soumis d’ailleurs au stalinisme), le PCI toscan publia Per il sindacato rosso, supplément à Il Partito Comunista, de 1979 à 1987. Néanmoins, le groupe dut vite constater son échec dans la «revitalisation» des syndicats «ouvriers» : «Aujourd’hui, nous pouvons [] certainement exclure toute possibilité de reconquérir la CGIL. Cela veut dire que la renaissance des syndicats de classe ne pourra se produire que par le surgissement de nouvelles organisations ouvrières et le vidangeage concomitant des actuels syndicats tricolores»[28].

Malgré la mort prématurée de Giuliano Bianchini* en 1980, la tendance «Il Partito Comunista» (Parti communiste international), a toujours maintenu une présence politique régulière en Toscane. Elle est présente aujourd’hui (2015) en Italie (Gênes, Turin, Florence, Bolzano), en Grande-Bretagne (Liverpool), mais aussi dans le Venezuela ouvrier (à Ciudad Guyana).

Cette tendance continue à publier sa revue théorique Comunismo, traduite un temps en français (La Gauche Communiste, 1981-1997). Son activité éditoriale s’est élargie à l’anglais (Communist Left, The Communist Party), et à l’espagnol (La Izquierda Comunista)[29].

De façon très notable, le PCI toscan a proclamé la fin des luttes de libération nationale. Dans sa revue Comunismo de 1992, il proclamait – à propos du PKK d’Apo (Abdullah Öcalan) – que «le mouvement nationaliste du Kurdistan n’a aucune possibilité de rejoindre sa finalité historique, la création d’un État kurde indépendant, et il représente ainsi, même dans ses expressions les plus radicales, un mouvement rétrograde, sinon réactionnaire. La situation actuelle pose en fait à l’ordre du jour, pour le prolétariat et les masses pauvres de toute la région moyen-orientale, la question de la prise du pouvoir politique».

Puis, dans un article de 1999, le groupe lançait un énième appel à lutter dans les syndicats et à rejoindre l’«unique parti communiste international» et son «programme unique» c’est-à-dire celui de Florence : «Les prolétaires ‘kurdes et turcs’, en dehors de la Turquie comme à l’intérieur, doivent se doter des mêmes organisations, doivent lutter au coude à coude dans les mêmes syndicats de classe, doivent se rattacher à l’unique programme et à l’unique parti communiste internationale! C’est la seule perspective que leur offre l’histoire»[30].

Une perspective peu réjouissante pour d’hypothétiques éléments turcs et kurdes radicaux, déjà aguerris pour avoir affronté des structures syndicales organisées comme de véritables gangs...

Après les attentats de Paris du 17 novembre 2015, les schismatiques toscans ont exprimé une position internationaliste sans ambiguïté : «Non, ce n’est pas une guerre. Il s’agit de sa préparation, alors que les grands États d’Amérique, d’Europe, de Russie et d’Asie sont déjà en train de chauffer les moteurs. Le ‘terrorisme’ comme la ‘guerre au terrorisme’ représentent l’anticipation de la guerre qui arrive. Ce n’est pas la guerre de l’État islamique contre l’Occident, c’est la guerre des impérialismes entre eux. Si les exécuteurs de cet énième acte de terreur sont de jeunes fanatiques, les organisateurs résident dans les palais des puissances étatiques du monde entier. L’État islamique n’est pas l’expression des classes déshéritées des pays arabes, et il n’en défend pas les intérêts… L’unique ‘guerre au terrorisme’ possible est celle qui se fera contre ce système social pestilentiel, l’unique guerre qui a donc pour but final la révolution communiste»[31].

Comme on le voit, la question du Moyen-Orient a joué un rôle considérable dans l’histoire du courant «programmiste», au point d’entretenir souvent de grosses ambiguïtés sur son internationalisme vis-à-vis des ouvriers israéliens et palestiniens. Mais jamais ces ambiguïtés n’ont poussé le courant «programmiste» jusqu’à une négation du génocide juif.

 

 

 

[1] Le centre du groupe allemand qui publiait le journal Proletarier (1978-1982) et la revue Kommunistisches Programm, se trouvait à Berlin. Un militant d’origine française vivait à Hambourg. Dans les années 2010 a surgi sur le web le groupe «Alter Maulwurf» («Vieille Taupe»), strictement «programmiste» bordiguiste : http://alter-maulwurf.de/homepage/kurze-einfuehrung (introduction d’Elena et Reimund, 2016).

[2] Le PCI, sous l’autorité de son Bureau international milanais, publiait en espagnol le journal El Proletario, le bulletin Espartaco pour le Venezuela, la revue théorique El programa comunista. En portugais-brésilien, fut publiée la revue bimestrielle Proletário. Pour la Bolivie, le PCI publia, quelques mois avant son effondrement, la brochure La Epopeya del proletariado boliviano. La lucha de clases en Bolivia hasta 1981, Cuadernos de El Proletario n° 1, SARO, Paris, janvier 1982.

[3] Un militant turc du PCI publiait (probablement en Suisse) le bulletin Enternasyonalist Proleter (Prolétaire internationaliste).

[4] Κομμουνιστικό Πρόγραμμα [Kommounistiko Programma], revue théorique.

[5] Lettre de la section de Turin au Centre, 30 mars 1981, citée par Sandro Saggioro, In attesa..., op. cit., p. 310.

[6] «Basi di adesione», L’Internazionalista, Turin, oct. 1983. Cette revue portait le même nom que celle publiée par le Groupe communiste internationaliste autonome de 1975 à 1990 à Milan. Ce groupe provenait d’une scission (1965) du PCInt – Rivoluzione comunista de Calogero Lanzafame*.

[7] Riccardo Salvador*, retraité, avait fondé la section de Schio en 1966, à son retour de Suisse. Dans les années 80, il fit sécession puis revint au «parti» de Maffi. En 1987, une partie du groupe fit aussi défection. Enfin, en 2005, une partie de la section fait de nouveau sécession et publie le bulletin Partito Comunista Internazionale. Sul filo rosso del tempo. Alessandro Mantovani* et Luc Thibault* (Dominique) participèrent aux activités de la section de Schio.

[8] Le numéro 89 de la revue reparaît en mai 1987, presque cinq ans après le numéro 88, avec comme mot d’ordre : «Nous aurons les lendemains que nous aurons su préparer ! ».

[9] «Face à la crise du parti, notre bataille politique continue!», Le Prolétaire n° 367, 12 nov. – 10 déc. 1982, article dont l’amorce est : «À la fin des années 70, notre optimisme militant s’est heurté à la complexité des faits historiques».

[10] En France, l’Organisation communiste libertaire (OCL), qui publie depuis 1979 Courant alternatif, se définit comme «mouvementiste».

[11] Un militant ayant rompu avec le PCInt [Roland Laffitte, dit Paul], Après l’éclatement du PCint (Programme communiste), revenons au marxisme révolutionnaire!, 24 février 1983. Souligné par nous.

[12] Cf. le discours de Mao-Tse-Toung, tenu en période des «Cent-Fleurs» : «De la juste solution des contradictions au sein du peuple», où l’on peut lire : «Il arrive souvent qu’au début ce qui est juste et bon ne soit pas reconnu pour une ‘fleur odorante’, mais considéré comme une ‘herbe vénéneuse’… il nous faut entreprendre un travail d’explication parmi notre peuple, et en premier lieu parmi les cadres, afin de les aider à comprendre les contradictions de la société socialiste et de leur apprendre à les résoudre par des méthodes justes» [Quotidien du peuple (人民日报), 19 juin 1957].

[13] En 1987, l’adresse de Strasbourg disparaît; elle est remplacée par celles de Lyon et Lausanne. Cf. «L’expédientisme contre le Parti», Le Prolétaire n° 390, mars-avril 1987.

[14] Le Prolétaire n° 377, Paris, mai 1984. L’article croit utile de préciser, dans une trop courte parenthèse (p. 5), que «lutter pour sa destruction totale… ne signifie évidemment pas l’élimination de la population juive comme l’affirme la propagande sioniste».

[15] «Trêve à Gaza: L’impérialisme ne connaît que des trêves entre les guerres. Seule la révolution prolétarienne internationale pourra apporter la paix au monde», Le Prolétaire n° 505, Lyon, nov.-déc. 2012, p. 1 et 2.

[16] Partito comunista internazionale-Sul filo del tempo, Schio, depuis 2005 : http://www.sinistracomunistainternazionale.it/; La freccia nel tempo (La Flèche du temps), qui se dédie, entre autres, «à la reconstruction de la mémoire du parcours millénaire du Parti des origines à 1848» (sic) et au bilan de la crise interne de 1982 : http://www.sinistracomunistainternaz.it/; Nucleo comunista internazionalista, qui provient du groupe «programmiste» du Frioul, dirigé par Paolo Turco*, qui fit sécession en 1977 : http://www.nucleocom.org/

[17] «3-18 marzo 1921 – Kronstadt: una tragica necessità», Bolletino n° 28, février 2000. L’article reprenait celui de Programme communiste paru presque 20 ans auparavant (n° 88, mai 1982), p. 41-52 qui assimilait les événements, dont les grèves de Petrograd, à «une contre-révolution petite-bourgeoise». Cette vision continue à être reprise par le PCI (Le Prolétaire/Il Comunista) : «À propos de Cronstadt. Violence, terreur, dictature, armes indispensables du pouvoir prolétarien», Le Prolétaire nos 458 et 459, 2001. La conclusion est très claire : «il ne peut y avoir abandon volontaire du pouvoir», si un «parti prolétarien» dirigeant «l’État prolétarien» affronte le prolétariat qu’il est censé «représenter».

[18] «Le tesi di Roma, 1922». – «Schema di programma del Partito Comunista Internazionalista presentato dal C. C. (Nov. 1944)», Ed. Partito comunista internazionalista, 1945, 32 pages.

[19] «Riprendendo il cammino», Il programma comunista n° 1, 8 fév. 1984.

[20] Sandro Saggioro, In attesa..., p. 333-342.

[21] Lettre de Bruno Maffi à Riccardo Salvador, 31 mai 1987, ibid., p. 343. Souligné par nous.

[22] La tendance «Il Comunista»-«Le Prolétaire», sans citer l’existence d’un capital israélien et mondial, affirme que «ce sont les Israéliens qui oppriment la population palestinienne» [«Les variations d'Il Programma Comunista sur la ‘question nationale’», Programme communiste n° 99, fév. 2006]. D’où l’on peut déduire que la ‘macédoine’ des ouvriers israéliens (qui sont aussi arabes, d’origine russe, yéménite ou éthiopienne, etc.) oppriment la «population palestinienne» et cessent d’être exploités par le capital mondial…

[23] Parti des travailleurs du Kurdistan (Partiya Karkerên Kurdistan) dont l’idéologie d’origine était le «marxisme-léninisme». Pendant la bataille de Kobané (2014-2015) contre Daesh, les miliciens du PKK et du PYD (Parti de l’Union démocratique) ont reçu l’aide de groupes anarchistes et socialistes de Turquie, qui ont rejoint ses rangs en Syrie. Après avoir longtemps considéré les peshmergas comme terroristes, les USA leur donnaient tout leur appui : en octobre 2014, ils ravitaillaient par air en armes, munitions et matériel médical les YPG (Unités de défense populaire kurdes), proches du PKK.

[24] Il programma comunista n° 1, 1994. Texte en anglais (Internationalist Papers n° 8, printemps-été 1999) sur le site web sinistra net : The Kurdish Question (http://www.sinistra.net/lib/upt/intpap/pitu/pituccocie.html). En français : «Quelles sont les perspectives d’émancipation pour le peuple kurde martyr ?», Cahiers internationalistes n° 1, Paris, mai 1994, p. 32-37.

[25] Ibid.

[26] «Ivrea. Appello per l’emergenza umanitaria in Kurdistan», 18 août 2014 : http://12alle12.it/ivrea-appello-per-lemergenza-umanitaria-in-kurdistan-86464. Veronica était devenue auparavant conseillère «verte» à Ivrea.

[27] «La questione palestinense e il movimento operaio internazionale», Il programma comunista n° 9, Milan, 20 oct. 2000, p. 12.

[28] «Fuori e contro gli attuali sindacati», Il Partito Comunista n° 64, Florence, 1979.

[29] http://www.international-communist-party.org/ItalianPublications.htm

[30] «Caso Ocalan», Il Partito Comunista n° 265, février-mars 1999, p. 1 et 4.

[31] «Dopo gli attentati di Parigi : terrorismo borghese», Il Partito Comunista n° 374, nov.-déc. 2015, p. 1.

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