Présentation
Nous publions ce jour lundi 16 juin cette excellente prise de position de la TCI (par FD), le 14 juin après les bombardements de l'Iran par Israel, puis ceux touchant la population israélienne.
Comme le souligne le texte de FD, quand le prolétariat international va-t-il enfin riposter de façon éclatante à ces monstrueuses escalades sanglantes dans la guerre, de plus en plus incontrôlables?
Pantopolis, 16 juin 2025
Israël a attaqué l'Iran dans la nuit du 13 juin. Téhéran et sept autres villes ont été lourdement bombardées, ainsi que six sites nucléaires, véritable cible de l'assaut. Pour l'instant, on ne dénombre « que » quelques morts, 79, et 350 blessés. Parmi les victimes figurent le chef des gardiens de la révolution Salami, le chef des forces armées Bagheri et deux scientifiques du programme d'enrichissement de l'uranium. Comme on peut le constater, les cibles humaines et instrumentales ont été repérées à temps, touchées et coulées. Selon les déclarations du gouvernement israélien, cette attaque n'était pas un épisode « nécessaire », mais un véritable acte de guerre qui durera longtemps.
L'initiative israélienne intervient après que l'armée de Netanyahou a coupé tous les tentacules djihadistes liés à Téhéran : le Hamas, le Hezbollah, le gouvernement alaouite de Bachar el Assad en Syrie et d'autres groupes en Irak. Lors des précédentes opérations militaires, Tel-Aviv avait détruit les systèmes de défense de l'Iran, le reste de l'affaiblissement ayant été réalisé par les sanctions. C'était le moment d'attaquer et c'est ce qui a été fait. Dans un premier temps, Trump a déclaré qu'il ne savait rien de l'attaque, avant de rectifier le tir, comme d'habitude, en admettant (source : Fox News) « qu'il avait été averti à l'avance par Israël des raids contre les sites nucléaires ». Dans une déclaration vidéo, Netanyahou lui-même a admis : « *Sans leur soutien [celui des États-Unis, ndlr], nous n'aurions peut-être pas lancé l'attaque » (espresso.it). Enfin, une fois de plus, Trump a complété sa déclaration par : « L'Iran ne peut pas avoir la bombe nucléaire ».
Comme prévu, le duo impérialiste israélo-américain a bouclé la boucle de la redéfinition des rapports de force au Moyen-Orient, même si la question de la guerre n'est pas encore réglée. Ce qui en dit long sur le fait qu'Israël a frappé au cœur de son ennemi mortel alors que Trump a laissé faire dans le but d'affaiblir l'Iran, son programme nucléaire et, par loi transitive, ses alliés russes et chinois. La Russie reçoit de Téhéran des équipements de guerre pour drones, tandis que la Chine achète 90 % de son pétrole à l'Iran, et que l'Iran constitue la troisième composante de la triade impérialiste orientale, aux côtés des Russes et de la Chine. Il est plus qu'évident que l'action d'Israël a été convenue avec Trump et que les conséquences sur les relations impérialistes internationales ont également été évaluées.
Tout le monde parle de paix, mais les incidents de guerre se multiplient, menaçant d'un conflit mondial. Même les projets d'accords entre la Chine et les États-Unis sur les droits de douane et les exportations chinoises vers l'Amérique sont sur le point d'échouer.
Netanyahou affirme que l'attaque était nécessaire à sa survie, Trump la soutient pour forcer la république des ayatollahs à conclure un accord nucléaire pour la « paix » mondiale, alors que tous deux sont à l'origine de la crise au Moyen-Orient.
L'Iran, la Russie et la Chine sont depuis longtemps stationnés avec leurs navires de guerre à l'entrée de la mer Rouge, soutenant les Houthis et montrant leurs muscles dans l'une des zones nodales des routes commerciales maritimes. Nous n'en sommes qu'au début, car il est certain que l'Iran, avec le soutien direct ou médiatisé de la Russie et de la Chine, répondra à Israël (comme il a d'ailleurs commencé à le faire avec des centaines de roquettes et de drones), risquant ainsi de fragiliser davantage toute la zone géopolitique, y compris les Émirats arabes, l'Arabie saoudite et les BRICS, dont font partie, outre l'Iran, la Chine, la Russie, le Brésil et l'Inde.
Pendant qu'Israël, dans le silence presque total de l'Occident, poursuit son œuvre de génocide et de nettoyage ethnique. Pendant que les États-Unis et la Chine font face à un énorme déploiement de forces navales dans le détroit de Taïwan. Alors que la Russie continue de frapper l'Ukraine pour tenter d'arracher à Kiev le plus de territoire possible, les États-Unis préparent des plans pour envahir le Panama et le Groenland. « Je pense que les Américains veulent que le Pentagone ait des plans prêts à tout », a déclaré le secrétaire à la défense Pete Hegseth, en réponse à la question d'un membre du Congrès lors d'une audition à la Chambre des représentants, n'excluant donc « pas une action militaire pour envahir le Panama et le Groenland, vers lesquels Donald Trump a exprimé à plusieurs reprises des visées expansionnistes. » (Adnkronos)
Le scénario des tensions impérialistes devient de plus en plus inquiétant. Les zones de conflits s'élargissent, les intérêts économiques deviennent encore plus incontournables, les luttes tarifaires, financières et de refinancement de la guerre, y compris en Europe, s'amplifient de façon géométrique. Les mensonges pacifistes s'effondrent face à la barbarie des guerres en cours. La crise économique à l'origine de tous ces phénomènes ne tend pas à s'atténuer et, précisément pour cette raison, les seuls investissements que l'économie capitaliste est capable de faire vont vers les industries de guerre.
Nous sommes en présence d'une économie qui, pour survivre, est obligée de réduire la sécurité sociale, de maintenir les salaires aussi bas que possible, de réduire les dépenses en matière de pensions et de soins de santé. En d'autres termes, cette économie en crise a besoin de financer les instruments de guerre pour conquérir des espaces économiques, des zones de matières premières et d'énergie. Elle a aussi besoin de contrôler les routes commerciales, de dominer les mers comme les cieux, jusqu'à l'espace. Elle a besoin de détruire pour reconstruire et, surtout, elle a besoin que le prolétariat international continue d'être une arme docile entre ses mains gorgées de sang.
Quand donc le peuple prolétarien international relèvera-t-il la tête pour arrêter ce massacre inhumain, perpétré au nom d'intérêts impérialistes si flagrants qu'ils se cachent derrière les vieilles idéologies habituelles du nationalisme, de la défense des intérêts économiques nationaux pour le « bien collectif », au nom du dieu du jour ou de la survie menacée ? Quand la classe trouvera-t-elle la voie de ses intérêts alternatifs et inconciliables avec ceux du capital ? Quand sortira-t-elle de la toile bourgeoise qui l'enserre, quand s'organisera-t-elle politiquement et stratégiquement en son propre parti révolutionnaire ? Quand la barbarie capitaliste fera-t-elle éclater ses contradictions sociales ? Mais rien n'arrive par spontanéité, mécanique idéaliste ou « volonté divine ». Pour que ce « quand » arrive, il faut y travailler, même si c'est à contre-courant et dès maintenant.
fd 14 juin 2025